L'appétit de Rodolphe Saadé pour les médias ne semble pas avoir de limites. L'armateur marseillais, via sa filiale CMA Media, a annoncé aujourd'hui la finalisation du rachat du média 100% vidéo Brut. Une nouvelle acquisition qui lui permet de s'adresser directement à un public jeune et très présent sur les réseaux sociaux.
Visuel : Le Monde
Brut, le "pilier social" du groupe
Après être entré au capital de Brut en 2022, CMA CGM en devient donc l'unique propriétaire. Pour le groupe de Rodolphe Saadé, cette acquisition est la pièce manquante de son puzzle médiatique. Brut devient le "troisième pilier stratégique" de CMA Media, le "pôle social", aux côtés du pôle presse (La Tribune, La Provence) et du pôle audiovisuel (BFM-TV, RMC).
Avec cette opération, CMA Media se félicite de devenir "un acteur incontournable du paysage médiatique français", qui s'adresse à tous les publics sur tous les canaux. Le groupe revendique désormais la deuxième plus grande rédaction de France, avec plus de 1 600 journalistes.
Un empire médiatique construit en un temps record
Cette acquisition est la dernière étape d'une offensive éclair menée par Rodolphe Saadé sur les médias français. En seulement trois ans, le PDG de CMA CGM a construit un véritable empire.
Tout a commencé en 2022 avec le rachat du groupe La Provence. Il a ensuite pris des participations dans le groupe M6, puis a racheté le journal économique La Tribune. L'accélération a été fulgurante à l'été 2024, avec le rachat spectaculaire de BFM-TV et RMC au groupe Altice.
Quelle indépendance pour Brut ?
La question de l'indépendance éditoriale du média va inévitablement se poser. Si les cofondateurs de Brut, Renaud Le Van Kim et Guillaume Lacroix, "continueront d'accompagner la stratégie" en tant que conseillers, c'est bien une nouvelle présidente issue de CMA Media, Claire Léost, qui prendra les rênes.
On en dit quoi ?
C'est une nouvelle étape majeure dans la concentration des médias en France. En quelques années, Rodolphe Saadé a bâti un empire qui rivalise désormais avec celui de Vincent Bolloré. Le rachat de Brut est particulièrement bien pensé : c'est le seul média de son portefeuille qui a une vraie résonance auprès des moins de 30 ans.
La grande question qui se pose est celle de l'indépendance éditoriale. Brut s'est souvent fait connaître par ses reportages au ton direct, parfois critique envers le monde économique. L'arrivée d'un grand industriel à sa tête va inévitablement poser des questions sur sa capacité à garder cette liberté de ton. Les promesses de "continuité" sont là, mais il faudra juger sur pièces. Et vous, le rachat des médias par des grands industriels, ça vous inquiète pour l'indépendance de l'information ?
