C’est le branle-bas de combat à Hollywood. La date limite pour les premières offres de rachat de Warner Bros. Discovery est fixée à ce jeudi. Paramount, Comcast et Netflix s’apprêtent à dégainer leurs propositions pour s'offrir le géant des médias. Entre stratégies de découpage et alliances politiques avec la future administration Trump, l'avenir de HBO et des licences comme Harry Potter se joue maintenant dans un climat de tensions réglementaires.
Paramount en pole position grâce à l'appui politique
Paramount, piloté par Skydance et la famille Ellison, apparaît comme le candidat le plus solide pour une reprise globale. Contrairement à ses rivaux, le groupe envisage d'acquérir la totalité de l'entreprise, y compris les chaînes câblées linéaires en perte de vitesse comme CNN ou TNT. L'offre indicative, estimée à 23,50 dollars par action, représenterait une prime de près de 90 % sur la valorisation récente.
L'atout majeur de ce dossier n'est pas seulement financier, mais politique. Larry Ellison, principal bailleur de fonds, est un proche de Donald Trump. Dans un contexte où le Département de la Justice doit valider la fusion, cette proximité avec la Maison-Blanche offre une sécurité juridique que les autres n'ont pas, tout en garantissant potentiellement un poste de co-PDG à David Zaslav.
Netflix et Comcast face au mur de la régulation
À l'opposé, Comcast et Netflix adoptent une approche plus chirurgicale, ne visant que les joyaux de la couronne : les studios Warner Bros. et la plateforme de streaming Max. Comcast, plombé par une dette de près de 100 milliards de dollars et une relation exécrable entre son PDG Brian Roberts et Donald Trump, part avec un sérieux handicap.
Pour Netflix, le problème est d'ordre concurrentiel. Avec une capitalisation boursière frôlant les 500 milliards, l'argent n'est pas le souci, mais l'absorption de HBO Max lui donnerait plus de 30 % de parts de marché du streaming. Ce seuil critique risque de bloquer l'opération pour abus de position dominante, malgré l'argument de la concurrence face à YouTube. Warner Bros. Discovery prépare d'ailleurs un plan de scission interne pour faciliter la vente de ses actifs premium si l'option d'une vente totale échoue.
On en dit quoi ?
Ce dossier montre parfaitement la fin d'une époque pour les médias traditionnels. On assiste à une partie de poker où la valeur industrielle des actifs compte moins que la capacité à naviguer dans les eaux troubles de la politique antitrust américaine. L'option Paramount semble la plus rationnelle pour éviter un démantèlement complet, mais elle oblige à traîner le boulet des chaînes câblées. À mon sens, la scission préalable des activités de Warner (streaming/studios d'un côté, télé linéaire de l'autre) reste la solution la plus viable pour que les actionnaires s'y retrouvent, car personne ne veut vraiment payer le prix fort pour de la télévision à l'ancienne en 2025.