Alors que son sort demeure bien incertain aux USA, TikTok fait à nouveau face à la pression des autorités françaises. En effet, le réseau social chinois, propriété de ByteDance, est désormais dans le viseur du Parlement français.
Une nouvelle commission d’enquête va voir le jour, centrée cette fois sur les effets psychologiques de l’application sur les jeunes. L’annonce intervient alors que quatre familles ont récemment porté plainte contre TikTok : deux adolescentes de 12 et 16 ans ont mis fin à leurs jours, tandis que deux autres jeunes souffrent d’une dépression sévère. Elles reprochent à la plateforme de les avoir exposés, via son algorithme, à des vidéos faisant la promotion du suicide, de l’automutilation et des troubles alimentaires.
Ce n’est pas la première fois que TikTok est pointé du doigt pour son impact sur la santé mentale des jeunes. Sept familles avaient déjà porté plainte l’an dernier devant le tribunal judiciaire de Créteil, avec une audience prévue en septembre 2025. Toutes font partie du collectif Algos Victima, dirigé par l’avocate Laure Boutron-Marmion, qui dénonce le design addictif de l’application et un algorithme dangereux favorisant la diffusion de contenus nocifs.
Interviewée sur France Info, la députée Ensemble pour la République Laure Miller explique sa volonté pour créer cette commission : Notre pays doit pouvoir s'emparer du sujet des réseaux sociaux, mais plus particulièrement de TikTok. Car l'objectif est de poser ce constat de la nocivité sur la santé de nos jeunes et de voir ce que nous pouvons faire juridiquement dans notre pays pour pouvoir protéger nos enfants.
Pour elle, il s'agit surtout de comprendre ce qui se passe derrière cette énorme machine aujourd'hui, on ne donnerait pas une cigarette à notre enfant ou un verre d'alcool parce qu'on sait les dégâts que ça peut causer sur sa santé. Il faut qu'on puisse avoir ce même regard posé sur TikTok en particulier !
Et à la question : Faut-il interdire TikTok en France ? Elle répond : C'est la question qu'on doit poser. L'objectif est double. C'est de poser ce constat de la nocivité sur la santé de nos jeunes. Mais le deuxième objectif de cette commission d'enquête, c'est de voir ce que nous pouvons faire juridiquement dans notre pays pour pouvoir protéger nos enfants. On voit bien que cette protection n'est pas satisfaisante. Tout le monde peut ouvrir un compte, y compris lorsque vous avez huit ans, neuf ans, dix ans. Il n'y a aucune vérification qui est faite sur la réalité de votre date de naissance. Je rappelle que ce réseau social n'est pas accessible à n'importe qui, et notamment au moins de treize ans. On voit bien que ce n'est pas efficace aujourd'hui. Je me suis engagée en politique pour refuser la fatalité, comme beaucoup de mes collègues députés. II faut qu'on puisse réellement trouver des outils efficaces pour protéger nos enfants.
Un encadrement renforcé pour TikTok en France ?
Cette commission d’enquête vise à évaluer l’impact psychologique de TikTok sur ses jeunes utilisateurs et à étudier les défaillances de la modération des contenus sensibles. La plateforme, déjà contrainte de se conformer aux règles du Digital Services Act (DSA) en Europe, devra répondre aux questions des députés sur la façon dont son algorithme oriente les contenus et sur les mesures concrètes mises en place pour protéger les mineurs.
TikTok ne fait pas face qu’à la justice française. Aux États-Unis, le réseau social est toujours sous la menace d’une interdiction pure et simple, les autorités suspectant ByteDance de permettre au gouvernement chinois d’accéder aux données des utilisateurs américains — une accusation que TikTok nie fermement.
Dans ce contexte de méfiance globale, la nouvelle enquête parlementaire française pourrait ajouter une pression supplémentaire, renforçant les appels à une régulation plus stricte des plateformes numériques.