L’heure du grand procès a sonné pour Meta. Ce lundi 14 avril, le groupe de Mark Zuckerberg est appelé à comparaître devant un tribunal de Washington dans une affaire qui pourrait bouleverser son empire : la Federal Trade Commission l'accuse en effet d’avoir abusé de sa position dominante pour racheter Instagram et WhatsApp, et ainsi asseoir son monopole sur les réseaux sociaux.
Déposée il y a cinq ans, à l’époque de la première administration Trump, la plainte accuse Meta d’avoir acheté Instagram (2012) pour 1 milliard de dollars, puis WhatsApp (2014) pour 19 milliards, dans l’unique but d’étouffer la concurrence. En cas de condamnation, la justice pourrait imposer à l’entreprise de se séparer de ses deux filiales stars, un scénario que le groupe souhaite éviter à tout prix .
Depuis plusieurs mois, Mark Zuckerberg tente d’éviter ce procès, multipliant les tentatives de rapprochement avec l’administration Trump : nomination d’alliés politiques au sein de Meta, modération allégée des contenus, et même de grosses contributions financières (un million pour l'investiture de l'actuel président). L’objectif était bien évidemment d'obtenir un accord amiable, en vain jusqu'à ce jour Le procès aura bien lieu, pour une durée prévue de huit semaines.
Tout l’enjeu repose sur la définition du marché. La FTC considère que Meta a maintenu pendant plus d’une décennie un monopole sur les réseaux sociaux personnels, utilisés pour rester en contact avec ses proches. À l’inverse, TikTok ou YouTube, qui sont souvent cités comme concurrents, oeuvreraient dans des catégories différentes.
Meta, de son côté, rejette cette lecture. Il met en avant l’innovation continue de ses concurrents. Pour sa défense, le groupe souligne aussi que la FTC avait validé à l’époque les acquisitions d’Instagram et WhatsApp et qu'elle ne peut pas s'en retourner aujourd'hui.
Pour convaincre, l’agence américaine devra démontrer que le monopole de Meta nuit aux utilisateurs, par exemple via la publicité omniprésente, le manque d’alternatives, ou une expérience dégradée. Elle s’appuiera notamment sur de vieux e-mails du grand patron, dans lesquels ce dernier évoquait la menace qu’Instagram représentait pour Facebook : L’impact potentiel d’Instagram est vraiment effrayant.
Mais l’affaire s’annonce compliquée : le juge James Boasberg, qui préside l'affaire, a déjà prévenu que la FTC allait devoir répondre à des questions difficiles pour prouver ses allégations. Le dossier est donc loin d'être gagné, d’autant que l’agence a essuyé les revers juridiques face à Microsoft ou Meta ces dernières années.
En toile de fond, ce procès s’inscrit dans une vaste croisade antitrust menée par les autorités américaines contre les géants de la tech. Google a déjà été reconnu coupable d’abus de position dominante. Apple et Amazon sont eux aussi sous le feu des régulateurs. Mais c’est bien le procès Meta qui pourrait devenir l’affaire emblématique de cette décennie numérique. Instagram et WhatsApp deviendront-ils les symboles d’un empire démantelé ?
