Malgré une année marquée par une baisse nette des résultats, Carlos Tavares quitte Stellantis avec une rémunération totale de 35 millions d’euros. Une somme validée par les actionnaires, mais qui continue de susciter critiques et malaise chez les syndicats et certains investisseurs.
Un vote largement validé… mais pas unanime
Les actionnaires de Stellantis ont approuvé à 66,9 % la rémunération des dirigeants pour l’année 2024. Ce vote inclut le « package » de Carlos Tavares, remercié en décembre dernier après un exercice jugé décevant par le conseil d’administration. L’ancien directeur général percevra ainsi 23,1 millions d’euros au titre de l’année écoulée, auxquels s’ajoutent une indemnité de départ de 2 millions et un bonus de 10 millions, lié à l’atteinte d’étapes stratégiques définies par l’entreprise.
Le vote reste uniquement consultatif, Stellantis étant basé aux Pays-Bas. Contrairement à ce que permettrait une législation française, il n’a donc aucun effet contraignant. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la rémunération de Tavares est contestée sans pour autant être bloquée.
Une rémunération en baisse, mais jugée problématique
La somme totale perçue par Carlos Tavares est en recul de 37 % par rapport à 2023 (où il avait touché 36,5 millions), mais elle reste très au-dessus des standards habituels. Ce montant représente 350 fois le salaire moyen chez Stellantis. De quoi relancer le débat sur l’écart de rémunération entre dirigeants et salariés, d’autant plus dans un contexte de résultats en fort repli.
En 2024, le groupe a vu son bénéfice net chuter de 70 %, ses ventes diminuer de 12 %, et sa part de marché se contracter, en particulier en Europe et aux États-Unis. AllianzGI et Proxinvest, ont qualifié cette rémunération d’« excessivement généreuse », compte tenu des performances et des circonstances du départ de Tavares.
Des réactions critiques, mais sans impact
Côté syndicats, le ton est bien sûr très critique. La CGT a évoqué une rémunération « indécente », rappelant que le groupe a supprimé 130 000 postes depuis la fusion PSA-Fiat. La CFDT déplore de son côté l’absence de règles limitant les écarts de salaires. Quoi qu’il en soit ces critiques n’ont pas empêché l’approbation du rapport, en grande partie grâce au poids des familles actionnaires Agnelli et Peugeot.
Stellantis doit désormais désigner un nouveau directeur général d’ici à la fin juin. En attendant, c’est toujours John Elkann qui assure la direction par intérim. Les décisions clés restent entre les mains du conseil.