Dix ans après la révélation du Dieselgate, une étude chiffre l’ampleur des dégâts. En France, les moteurs truqués ont causé 16 000 morts depuis 2009. Et ce n’est pas fini : 8 000 décès supplémentaires pourraient survenir d’ici 2040.
Dix ans après, les morts s'accumulent
En 2015, Volkswagen était pris la main dans le sac pour avoir truqué les tests d’homologation de ses moteurs diesel. Le constructeur avait installé des logiciels capables de fausser les émissions de NOx en laboratoire, rendant les véhicules beaucoup plus "propres" sur le papier que sur la route. Résultat : des millions de voitures en Europe ont émis des niveaux de pollution bien au-dessus des seuils légaux, parfois jusqu’à 40 fois plus. Une étude publiée fin mai 2025 par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) estime que ces émissions ont causé la mort de 16 000 personnes en France entre 2009 et 2024.
Maladies respiratoires, cardio, cancers : la liste s’allonge
Ces décès ne sont pas survenus brutalement. Il s’agit de morts prématurées causées par des pathologies liées à la pollution de l’air : cancers, diabète, troubles respiratoires, maladies cardiovasculaires. Le scandale devrait encore provoquer 8 000 décès d’ici 2040 si rien n’est fait. Et ce n’est pas tout. Les émissions illégales sont aussi associées à 26 000 cas d’asthme chez l’enfant, et à 2,4 millions de journées d’arrêt maladie. En Europe, l’impact est massif : jusqu’à 205 000 décès prématurés et 1 200 milliards d’euros de pertes économiques selon les projections du CREA.
Des véhicules toujours en circulation
Environ 19 millions de véhicules équipés de moteurs truqués rouleraient encore sur les routes européennes. En France, on en recense près de trois millions. Certains modèles ont été rappelés, d’autres mis à jour, mais beaucoup continuent à polluer. Parmi eux : Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, mais aussi des constructeurs français comme Renault, Peugeot ou Citroën, également visés par des enquêtes pour tromperie. Tous les véhicules concernés ont été commercialisés entre 2009 et 2019, sous les normes Euro 5 et Euro 6, avant les tests d’émissions en conditions réelles.
L’inaction française pointée du doigt
Contrairement aux États-Unis, qui ont rapidement imposé des rappels et des indemnisations, la France a traîné des pieds. L’État n’a jamais exigé la remise aux normes des véhicules encore en circulation. France Nature Environnement envisage d’ailleurs de poursuivre l’État pour inaction. L’étude estime qu’un effort coordonné pourrait encore éviter 45 milliards d’euros de pertes et sauver des milliers de vies. Mais le compte à rebours est lancé. Selon cette étude, le Dieselgate, ce n’est pas juste une fraude industrielle, c’est un scandale sanitaire toujours en cours.