Le président de Toyota affirme qu’un véhicule électrique pollue autant que trois hybrides. Une déclaration qui a bien sûr relancé le débat sur les émissions réelles des différents types de motorisation. Voici ce que disent les études.
Le poids des mots d’Akio Toyoda
Dans une interview largement relayée, le président de Toyota, Akio Toyoda, a affirmé que 9 millions de véhicules électriques émettraient autant que 27 millions d’hybrides. Autrement dit : un seul véhicule électrique serait aussi polluant que trois hybrides. Cette déclaration, faite dans le contexte énergétique japonais, a rapidement été interprétée comme une remise en question globale des bénéfices environnementaux des voitures électriques. De quoi semer le doute dans l’esprit de certains consommateurs, et ravir les anti-électriques, qui se sont empressés de relayer ces propos.
Une comparaison plus complexe qu’il n’y paraît
Les études scientifiques sur le sujet sont claires : les voitures électriques, malgré un coût carbone initial plus élevé dû à la fabrication des batteries, deviennent moins polluantes que les hybrides sur la durée. Selon l’Argonne National Laboratory, une voiture électrique rembourse son "empreinte carbone" de fabrication au bout de 19 500 km. Dans les scénarios les plus pessimistes, ce seuil monte à 28 000 km. Or, la majorité des conducteurs dépasse largement ces distances en quelques années (je viens de dépasser les 90 000 kilomètres sur ma Zoé, et je compte bien la garder encore trois ans, jusqu’à la fin de ma LOA).
Tout dépend du mix énergétique... mais pas tant que ça
L’argument principal de Toyoda repose surtout sur le fait que l’électricité japonaise est encore largement produite à partir de combustibles fossiles. Aux États-Unis, près de 43 % de l’électricité provenait de sources décarbonées fin 2024. Même dans les États encore fortement dépendants au charbon, les modèles électriques comme la Tesla Model Y restent globalement moins émetteurs qu’un hybride rechargeable comme la Prius, selon les calculs du Département de l’Énergie.
En France, en 2024, 95 % de l’électricité a été produite à partir de sources décarbonées, c’est-à-dire issues du nucléaire et des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, biomasse). Ce chiffre positionne la France parmi les pays disposant de l’électricité la moins carbonée au monde. Autant dire que pour chez nous, les calculs sont pas bons, Kevin Akio.
Des technologies en transition
Il est important de noter que les hybrides et PHEV ne sont pas les ennemis de l’électrification. Ce sont des solutions transitoires valables, en particulier pour les conducteurs qui ne peuvent pas facilement recharger à domicile. Mais à mesure que les batteries deviennent plus propres à produire, que le recyclage s’organise et que les réseaux électriques se décarbonent, les voitures 100 % électriques deviennent plus compétitives écologiquement.
On en dit quoi ?
Les propos de Toyoda peuvent se comprendre dans un contexte énergétique spécifique, mais ils ne tiennent pas compte de l’évolution rapide des technologies et des infrastructures. Si l’objectif est une réduction massive des émissions, les données actuelles montrent que les véhicules électriques restent la solution la plus efficace à long terme, devant les hybrides. D’autant plus quand on sait le nombre d’hybrides en circulation qui ne sont jamais rechargées (en particulier dans les flottes d’entreprise). Dans ce cas-là, autant vous dire qu’avoir une hybride est une aberration écologique.
Oserais-je vous demander votre avis sur ces questions ? Allez, on tente : les commentaires sont ouverts ! Vous pouvez aussi réagir sur notre page Facebook.