La Sécurité routière a dévoilé la semaine dernière son très ambitieux programme "radars" pour la période 2026-2030. Au cœur de cette nouvelle stratégie : le déploiement massif de l'intelligence artificielle pour "améliorer les performances du contrôle" et verbaliser de nouvelles infractions, jusqu'ici impossibles à détecter automatiquement.
Le téléphone au volant et la ceinture de sécurité dans le viseur
C'est une petite révolution technologique qui se prépare sur le bord de nos routes. Selon les documents publiés par la Sécurité routière, et relayés par l’Argus, les futurs radars seront capables, grâce à l'analyse vidéo par IA, de détecter une série de nouveaux comportements dangereux.
Parmi les infractions citées figurent en bonne place l'usage du téléphone tenu en main, le non-port de la ceinture de sécurité ou encore le non-respect des distances de sécurité. D'autres infractions comme les dépassements dangereux ou la circulation sur des voies réservées (bus, covoiturage) pourraient également être concernées.
Des radars "tronçon" plus performants et plus nombreux
Le plan prévoit également d'acquérir une "nouvelle génération" de radars-tronçons, capables de calculer la vitesse moyenne d'un véhicule sur de plus longues distances et sur plusieurs tronçons successifs, même en présence d'intersections.
Le nombre de radars autonomes (les radars de chantier) devrait également augmenter, passant de 450 à 550 appareils "à courte échéance".
Une "usine à gaz" juridique et des critiques
Le déploiement de ces "radars 2.0" ne sera pas simple. Filmer l'intérieur d'un habitacle pour y détecter une infraction soulève des questions juridiques complexes en matière de protection de la vie privée. La Sécurité routière a d'ailleurs demandé aux fabricants de radars de lui proposer des solutions pour anticiper et contourner ces obstacles légaux.
Cette nouvelle stratégie est déjà vivement critiquée par les associations d'automobilistes. "Les forces de l’ordre disparaissent des routes, remplacées par des caisses enregistreuses automatiques", dénonce Pierre Chasseray de "40 millions d’automobilistes", qui regrette que ces technologies ne puissent pas plutôt détecter l'alcoolémie ou l'usage de stupéfiants, des causes majeures d'accidents mortels.
On en dit quoi ?
Après des années de promesses non tenues sur les fameux "radars multifonctions", la Sécurité routière semble cette fois bien décidée à passer à la vitesse supérieure. Grâce aux progrès fulgurants de l'IA, la capacité à analyser des images en temps réel pour y déceler des infractions est désormais une réalité technique.
Si l'objectif affiché de réduire la mortalité routière est louable, cette automatisation à marche forcée de la verbalisation pose question. Le risque est de voir se multiplier les amendes pour des "petites" infractions, tout en déshumanisant un peu plus le contrôle routier. La machine, aussi intelligente soit-elle, ne pourra jamais remplacer le discernement d'un gendarme sur le terrain. Et vous, cette nouvelle génération de radars "intelligents", ça vous rassure ou ça vous inquiète ?