Le projet de gigafactory ACC à Termoli, en Italie, est sur le point d'être abandonné. La coentreprise de Stellantis, Mercedes et TotalEnergies fait face à des coûts de production hors sol et une technologie déjà dépassée. Stellantis, pragmatique, accélère son alliance avec le chinois CATL pour des batteries LFP en Espagne.
Termoli : chronique d'un abandon annoncé
Le projet de gigafactory d'Automotive Cells Company (ACC donc) à Termoli, en Italie, semble toucher à sa fin. La décision formelle de la coentreprise, détenue par Stellantis, Mercedes et TotalEnergies, est attendue d'ici la fin 2025 ou début 2026, mais les sources convergent : le projet est jugé non viable. Les raisons invoquées pointent vers des difficultés techniques, financières et stratégiques insurmontables. Cette annonce n'est qu'une demi-surprise, le projet italien, tout comme son homologue allemand à Kaiserslautern, étant déjà mis en pause depuis mi-2024. Le coup est dur pour l'ambition européenne de souveraineté sur les batteries.
Douvrin, seul site en production, patine
La seule usine ACC actuellement en activité, à Douvrin en France, montre bien les difficultés de l'entreprise. Loin d'être un succès, le site tourne au ralenti. Des données internes révèlent des taux de rebut de production alarmants, oscillant entre 15 et 20 %. Par conséquent, les coûts de production explosent, estimés 20 à 25 % plus élevés que ceux des concurrents asiatiques. Un an après son démarrage, l'usine peine à fournir son unique client, Stellantis, avec à peine 10 000 véhicules équipés. La montée en cadence est un échec et la rentabilité s'éloigne peu à peu.
Stellantis choisit la technologie LFP de CATL
Le problème d'ACC n'est pas seulement industriel, il est technologique. La coentreprise a misé sur la chimie NCM (Nickel-Manganèse-Cobalt), complexe et coûteuse. Pendant ce temps, le marché, sous l'impulsion de la Chine, a massivement basculé vers le LFP (Lithium-Fer-Phosphate). Cette technologie, bien que légèrement moins dense, est surtout 20 % moins chère et plus durable, idéale pour les véhicules de masse. Stellantis, en gestionnaire pragmatique, n'attend plus ACC. Le groupe accélère à marche forcée son partenariat avec le géant chinois CATL pour construire sa propre usine LFP à Saragosse, en Espagne, dont la première pierre est attendue ce mois-ci.
On en dit quoi ?
ACC avait été présenté comme le pilier de la souveraineté industrielle européenne pour les batteries. Le constat, fin 2025, est hélas assez brutal : le projet prend l'eau de toutes parts. L'échec de Douvrin et l'abandon quasi certain de Termoli montrent que l'Europe peine à rivaliser industriellement et technologiquement avec l'Asie. Stellantis, principal actionnaire mais aussi principal client, tire les conclusions logiques. L'urgence n'est pas au made in Europe mais à la compétitivité. Le groupe sécurise donc son approvisionnement en batteries LFP, moins chères et plus matures, directement auprès du leader mondial chinois CATL. Une décision industrielle froide, mais rationnelle, qui laisse les ambitions politiques européennes sur le bas-côté.