Stellantis a présenté aujourd'hui à Bruxelles les résultats de ses recherches en matière de conduite automatisée. Dans le cadre de la clôture du projet européen Hi-Drive, le groupe a dévoilé une stratégie technique qui repose sur une accumulation massive de capteurs, prenant le contrepied total de la méthode Tesla qui fait actuellement ses premiers tours de roues en France.
Une vision académique contre le pragmatisme californien
Cette présentation a permis de mettre en lumière la philosophie du groupe franco-italo-américain : la sécurité par la redondance. Là où Tesla tente d'imposer son Vision Only (caméras seules) et son intelligence artificielle, Stellantis choisit une voie beaucoup plus traditionnelle et institutionnelle. Le constructeur s'appuie sur des consortiums européens et des environnements contrôlés pour valider ses technologies. Cette méthode bon élève doit rassurer les législateurs, mais elle contraste fortement avec la réalité du marché imposée par l'américain, qui déploie déjà ses solutions en version beta sur des véhicules de série.
Le Peugeot E-2008 transformé en laboratoire scientifique
La pièce maîtresse dévoilée ce matin est un Peugeot E-2008 qualifié de Living Lab. Ce n'est clairement pas un véhicule destiné à la vente aux particuliers. Le prototype est équipé d'une quantité astronomique de matériel : huit Lidars, quatre radars et neuf caméras, le tout couplé à une connectivité V2X pour dialoguer avec les infrastructures. Si cette débauche technologique permet une perception de l'environnement d'une précision chirurgicale, elle explose les coûts de fabrication. Stellantis prouve sa maîtrise technique, mais propose une solution qui semble économiquement difficile à transposer sur une voiture grand public à court terme.
Pendant ce temps, le FSD de Tesla roule en France
Le timing de cette présentation est ironique. Alors que Stellantis montre ses prototypes de recherche, Tesla a lancé depuis le 1er décembre une campagne d'essais de son FSD dans plusieurs villes françaises. La technologie américaine tourne sur des voitures standard, sans Lidar hors de prix. Nous avons d'ailleurs pu tester ce système nous-mêmes dans les rues de Marseille (notre vidéo complète arrive très vite) et le constat est sans appel : le logiciel gère des environnements complexes dès aujourd'hui. L'approche logicielle de Tesla semble avoir plusieurs longueurs d'avance sur l'approche matérielle de Stellantis.
L'autonomie réelle réservée aux robots ?
Stellantis semble d'ailleurs acter cette différence. Le groupe réserve implicitement le niveau 4 (sans conducteur) aux futures flottes de robotaxis via des partenariats avec Uber ou Pony.ai. Pour le client final, l'objectif reste un niveau 2+ (mains libres sur autoroute). Contrairement à Elon Musk qui promet l'autonomie pour tous par mise à jour, Stellantis segmente le marché : des aides confortables pour les conducteurs, et de la vraie autonomie pour les professionnels capables d'amortir le coût de ces capteurs.
On en dit quoi ?
C'est un classique choc des cultures. Stellantis joue la carte de la prudence et de la validation académique européenne. Présenter un prototype fonctionnel avec huit Lidars en 2025 est une réussite d'ingénierie, mais cela ressemble à de la recherche fondamentale déconnectée des impératifs commerciaux actuels. En face, Tesla prend des risques, teste en conditions réelles et accumule de la donnée massivement. L'approche de Stellantis est sans doute plus sûre sur le papier pour atteindre le niveau 4, mais elle risque d'arriver trop tard et à un prix bien trop élevé face à une solution Tesla qui, même imparfaite, est déjà en test sur nos routes.
