Lors de son intervention au Mobile World Congress (MWC) 2025 à Barcelone, Steve Wozniak -célèbre mais grincheux cofondateur d’Apple- n’a pas mâché ses mots concernant l’engagement politique croissant des grandes entreprises technologiques. S’exprimant sur le rôle joué par Elon Musk auprès de Donald Trump, il a mis en garde contre les dérives d’une Silicon Valley trop impliquée dans les affaires d’État.
La politique ce n'est pas pour la tech
Pour lui, si les géants de la tech ont forcément une influence -en raison de leur puissance financière et de leur omniprésence dans nos vies-, cela ne justifie pas qu’ils jouent un rôle direct dans les décisions politiques. Les grandes entreprises technologiques sont énormes. C’est comme si elles possédaient nos vies.
Interrogé sur le rapprochement entre le patron de Tesla et le président américain, Woz a souligné une différence fondamentale entre le management dans le secteur privé et la gestion des affaires publiques. Les compétences en politique sont très différentes des compétences nécessaires aux entreprises technologiques pour réussir.
Le ton est d'ailleurs monté lorsque le débat a glissé sur la désignation d'Elon Musk, à la tête du Département de l’efficacité gouvernementale (Doge) par Donald Trump, avec pour mission de réduire les dépenses publiques. Woz a critiqué cette approche qu’il juge trop radicale : Quand vous dirigez une entreprise, vous cherchez un consensus, vous négociez, vous faites des compromis. Vous ne dites pas simplement que tout est à jeter et que vous repartez de zéro.
Une Silicon Valley divisée
Dans le sillage d’Elon Musk, plusieurs figures influentes du secteur technologique ont apporté leur soutien à Donald Trump, dont Mark Zuckerberg (Meta) et Peter Thiel (cofondateur de PayPal). Ce dernier, déjà soutien de l'actuel Président en 2016, s’impose de plus en plus comme un porte-voix de la droite américaine dans la tech.
Cette proximité croissante entre le pouvoir politique et certaines entreprises inquiète Steve Wozniak, qui redoute un affaiblissement des contre-pouvoirs et une dérégulation accrue des technologies, notamment en matière d’intelligence artificielle.
Steve Wozniak défend l’innovation (il a d'ailleurs monté une société de recyclage de déchets dans l'espace), mais il insiste sur la nécessité de réguler l’intelligence artificielle pour éviter les abus. Affaiblir le chiffrement ou déréguler l’IA ne pénalise pas seulement les criminels. Cela expose aussi nos citoyens, nos entreprises et nos infrastructures aux cyberattaques.
Une déclaration qui fait écho aux récents débats sur la surveillance numérique et la fin du chiffrement des messageries sécurisées, un autre sujet brûlant évoqué dans les couloirs du MWC.
