Avec l’explosion des véhicules électriques et surtout de l’intelligence artificielle, la demande en électricité va exploser dans les prochaines années. Et ça, RTE l’a bien compris. Le gestionnaire du réseau électrique français vient de dévoiler son plan d’investissement pour 2040 : un programme à 100 milliards d’euros pour moderniser et renforcer le réseau. C’est une belle somme, mais pour quoi faire ?
Un réseau sous tension face aux nouveaux besoins
Pourquoi un tel budget ? Parce que notre consommation va changer du tout au tout. Les voitures thermiques laissent place aux modèles électriques, les data centers qui hébergent nos IA toujours plus gourmandes poussent comme des champignons, et les industriels cherchent à réduire leur dépendance aux énergies fossiles. Résultat : il faut un réseau plus solide, plus flexible et capable d’absorber des pics de consommation comme jamais auparavant.
Renouveler le réseau et l’adapter au changement climatique
Une bonne partie du réseau actuel date des années 1950-1970. Problème : ces infrastructures vieillissantes ne sont pas prêtes à encaisser la hausse de la consommation ni les événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents (vagues de chaleur, tempêtes, inondations…).
L’idée est donc de remplacer 23 500 km de lignes électriques, 85 000 pylônes et de moderniser tout le système de gestion et de contrôle du réseau. Budget estimé : 24 milliards d’euros.
Raccorder les nouveaux consommateurs et les énergies bas carbone
L’essor des batteries, de l’électrolyse de l’hydrogène et des datacenters demande un raccordement rapide et efficace. Dans le même temps, la production d’électricité doit évoluer avec l’arrivée des nouveaux réacteurs nucléairesEPR2 et la montée en puissance des énergies renouvelables (éolien, solaire).
Cela signifie de nouveaux postes électriques, des lignes supplémentaires et un premier réseau offshore pour transporter l’électricité des parcs éoliens en mer. Ce volet représente la moitié des investissements, soit la coquette somme de 53 milliards d’euros.
Renforcer la “colonne vertébrale” du réseau
Aujourd’hui, le réseau haute et très haute tension est conçu pour un modèle centralisé où l’électricité est produite dans quelques gros sites (centrales nucléaires, barrages) avant d’être envoyée partout en France.
Avec l’arrivée massive des renouvelables, il faut revoir toute l’architecture : l’électricité va être produite un peu partout (en mer, dans les campagnes, sur les toits des bâtiments) et devra circuler de manière plus fluide pour éviter les congestions.
RTE prévoit donc 16,5 milliards d’euros pour renforcer les grandes lignes et éviter d’avoir à en construire trop de nouvelles.
Une facture d’électricité qui risque de grimper ?
100 milliards d’euros, ça ne tombe pas du ciel. Si une partie des investissements sera financée par des subventions ou des aides européennes, une autre viendra des consommateurs, via la facture d’électricité.
Déjà, les prix ont bien augmenté ces dernières années : en 2024, le tarif réglementé a pris +10 % en février et +10 % en août, portant l’augmentation totale à environ 40 % depuis 2021. La réforme du marché de l’électricité au niveau européen cherche à stabiliser les prix, mais avec ces nouveaux investissements, il est probable que la facture continue de grimper dans les années à venir.
RTE tente de rassurer en expliquant que ces travaux permettront d’éviter des pannes massives et de limiter les coûts à long terme. Mais pour les consommateurs, c’est une nouvelle pression sur le budget énergie, surtout pour les foyers équipés de chauffage électrique ou ceux qui comptent passer à la voiture électrique. Il faudra donc être vigilant sur nos factures dans les années à venir.
Un plan qui mise aussi sur le “Made in France”
Bonne nouvelle quand même : ce plan va générer de l’emploi en France. RTE prévoit 8 000 à 12 000 nouveaux postes par an jusqu’en 2030, dans les usines de production de câbles, transformateurs et autres équipements électriques.
L’idée est aussi de relocaliser une partie de la production en Europe. Par exemple, les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire vont fabriquer les premières plateformes en mer pour l’éolien offshore, et le groupe Prysmian va ouvrir une nouvelle ligne de production de câbles en Seine-et-Marne. RTE espère même convaincre un industriel d’installer une usine de production de câbles sous-marins en France, ce qui serait une première.
L’Europe va-t-elle mettre la main à la poche ?
Avec ce plan, la France se positionne comme un hub électrique pour l’Europe. Les interconnexions avec l’Espagne, l’Allemagne ou encore l’Irlande sont stratégiques pour la circulation de l’électricité à l’échelle du continent.
Mais RTE prévient : au-delà des deux projets d’interconnexion déjà prévus, tout nouveau développement devra être financé au niveau européen. La France est un carrefour énergétique qui transporte l’électricité renouvelable du Sud vers le Nord, mais il n’est pas question de financer seule ces infrastructures pour le reste de l’Europe. Encore faudra-t-il que l’Europe accepte de mettre la main au portefeuille.
Un plan colossal, mais essentiel
Le plan de RTE, c’est une transformation massive du réseau pour encaisser l’électrification de notre société, éviter les coupures et s’adapter au climat. Mais c’est aussi un défi financier, qui pourrait se répercuter sur la facture d’électricité.
D’un côté, ces investissements sont nécessaires pour éviter une crise énergétique et assurer un réseau performant à l’heure de l’IA, des voitures électriques et des nouveaux usages. De l’autre, ils posent la question de qui paiera la note à long terme. Espérons que nos factures ne seront pas aussi vertigineuses, dans les années à venir que ce plan annoncé par RTE.
Un véritable système domestique d’alimentation plug-and-play qui intègre la production d’énergie photovoltaïque ainsi que la charge et la décharge bidirectionnelles.