Nouvelle bataille dans la guerre entre l’intelligence artificielle et les médias. Une quinzaine de grands éditeurs, dont The Atlantic, Forbes, Politico et The Guardian, ont porté plainte contre Cohere, une startup spécialisée dans l’IA. Ils l’accusent d’avoir utilisé leurs articles sans autorisation pour entraîner ses modèles, mais aussi de générer du contenu erroné qui leur est attribué, ce qui est encore plus problématique.
Cohere accusé de pomper des articles entiers
Déposée devant un tribunal de New York, la plainte ne mâche pas ses mots : Cohere aurait “massivement et systématiquement” pillé des milliers d’articles pour nourrir son IA. Selon les éditeurs, certains contenus copiés proviennent même de sites payants, privant ainsi les journaux de précieuses sources de revenus.
Autre problème soulevé : l’IA de Cohere ne se contente pas de recopier. Elle “hallucinerait” aussi des articles inexistants en les attribuant aux médias concernés, ce qui pourrait ternir leur réputation. Exemple cité dans la plainte : un faux article de The Guardian sur le conflit israélo-palestinien, mélangeant deux événements distincts. De quoi agacer très fortement les éditeurs.
Une plainte qui tombe au bon moment
Si les médias passent à l’action maintenant, ce n’est pas un hasard. Grâce à une récente réforme aux États-Unis, il est devenu plus simple de prouver une violation de droits d’auteur. Résultat : les éditeurs ont pu rassembler des milliers d’exemples de plagiat pour appuyer leur dossier.
Ils réclament donc l’interdiction pour Cohere d’utiliser leurs contenus, la destruction des copies existantes et, bien sûr, des millions en dommages et intérêts. La loi américaine prévoit jusqu’à 150 000 dollars par infraction prouvée. Faites le calcul sur des milliers d’articles, la note risque d’être salée.
Aidan Gomez, CEO de Cohere
Cohere minimise et joue la carte de l’incompréhension
De son côté, Cohere ne semble pas inquiet. L’entreprise, valorisée à 5 milliards de dollars, rejette les accusations et affirme avoir toujours respecté la propriété intellectuelle. Elle regrette que les médias aient choisi la voie judiciaire plutôt que le dialogue, et qualifie la plainte de “frivole”, carrément.
Ce bras de fer illustre montre une fois de plus le dilemme actuel de l’industrie de l’info. Certains médias, comme News Corp., ont signé des accords avec OpenAI tout en poursuivant d’autres entreprises comme Perplexity. La frontière entre collaboration et confrontation reste pour le moment encore très floue.
Si les plaignants obtiennent gain de cause, cela pourrait poser un sérieux obstacle aux entreprises d’IA qui s’appuient sur du contenu protégé. À l’inverse, si Cohere l’emporte, cela pourrait ouvrir la porte à d’autres pratiques du genre. Une nouvelle affaire à suivre donc.