Alors que Donald Trump continue de faire pression pour un rapatriement de la production sur le sol américain, l’idée d’un iPhone « Made in USA » revient dans le débat public. Le président des États-Unis a même affirmé récemment qu’Apple allait s’y atteler. Mais dans les faits, les obstacles sont bien plus nombreux que les slogans politiques ne le laissent penser.
Pour Tim Cook lui-même, l’idée n’est pas nouvelle. Dès 2015, le patron d’Apple expliquait que les États-Unis ne possédaient plus l’infrastructure industrielle nécessaire à la fabrication de produits à grande échelle, comme l’iPhone. En Chine, vous avez besoin de plusieurs terrains de football pour rassembler les fabricants de moules et d’outils. Aux États-Unis, vous pouvez les réunir dans une pièce.
Un constat partagé par Matthew Moore, ancien ingénieur chez Apple, qui explique à Bloomberg que la chaîne d’approvisionnement chinoise repose sur des millions d’employés. Quelle ville américaine pourrait mettre tout le reste en pause pour ne faire qu’assembler des iPhone ? Même Boston ne suffirait pas.
Un coût démesuré pour une illusion d’indépendance
Selon les calculs de Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, rapatrier 10 % de la production d’iPhone coûterait 30 milliards de dollars sur trois ans. Une manœuvre qui ferait exploser les prix : Un iPhone assemblé aux États-Unis coûterait autour de 3 500 dollars !
Même si un assemblage partiel sur le sol américain était envisageable, la dépendance à la Chine resterait forte, notamment pour l’approvisionnement en composants et en matériaux rares. L'issue semble donc inévitable : les droits de douane s’appliqueraient quand même, et les coûts grimperaient.
Plus que la fabrication de masse, l’enjeu pour les États-Unis est ailleurs, selon de nombreux experts et anciens d’Apple. Il s’agirait de reconstruire une chaîne d’approvisionnement nationale capable de produire des équipements stratégiques -comme les semi-conducteurs (à l'image du projet de Nvidia) ou les dispositifs médicaux- en cas de crise géopolitique ou sanitaire.
Comme le souligne un commentaire très partagé d’un ex-ingénieur Apple sur ArsTechnica : Ce n’est pas de savoir assembler des grille-pain ou des iPhone qui devrait nous préoccuper, mais d’éduquer les jeunes à penser rationnellement dans un monde dirigé par l’IA.
La conclusion reste sans appel pour le moment. Un iPhone fabriqué aux États-Unis est techniquement irréaliste à grande échelle. La chaîne de production actuelle repose sur des dizaines de milliers de fournisseurs et des millions d’ouvriers en Chine. Le coût pour Apple (et pour les consommateurs) serait énorme. Et enfin, les États-Unis devraient plutôt investir dans l’éducation, la souveraineté technologique et la résilience de leur industrie.