Ambiance de crise chez Intel. Lors d'une réunion interne, le nouveau PDG, Lip-Bu Tan, a dressé un constat d'une franchise brutale : Intel ne ferait plus partie du "top 10" des entreprises de semi-conducteurs et il serait "trop tard" pour rattraper Nvidia dans l'IA.
Le constat d'échec du nouveau PDG
C'est une douche froide pour les employés d'Intel. Dans une session de questions-réponses interne, dont les propos ont été rapportés par le journal The Oregon Live, le nouveau PDG Lip-Bu Tan, en poste depuis mars, n'a pas mâché ses mots. "Il y a 20 ou 30 ans, nous étions vraiment le leader", a-t-il déclaré. "Aujourd'hui, je pense que le monde a changé. Nous ne sommes pas dans le top 10 des entreprises de semi-conducteurs." Un constat terrible, prononcé alors qu'une nouvelle vague de licenciements massifs vient de commencer au sein du groupe.
"Trop tard" pour rattraper Nvidia sur l'IA
L'aveu le plus marquant concerne l'intelligence artificielle. Alors que ce marché explose, tiré par les puces de Nvidia, Lip-Bu Tan jette l'éponge sur un segment clé. "Sur l'entraînement des modèles d'IA, je pense qu'il est trop tard pour nous", a-t-il affirmé, reconnaissant que la position de Nvidia était "trop forte".
La nouvelle stratégie d'Intel sera donc de se concentrer sur des marchés plus de niche, comme l'IA "en périphérie" (directement sur les PC et les appareils) et l'IA "agentique" (des IA autonomes).
Une décennie de déclin
Cette situation est le résultat d'une décennie de mauvais choix stratégiques et de retards technologiques. Autrefois leader incontesté, Intel s'est fait dépasser par ses concurrents sur presque tous les fronts.
Ses propres usines n'arrivent plus à suivre le rythme du taïwanais TSMC, au point qu'Intel est désormais obligé de sous-traiter une partie de sa production à son rival. Sur le marché des PC et des serveurs, AMD lui a pris des parts de marché considérables avec ses processeurs Ryzen et EPYC. Et comme on l'a vu, l'entreprise a totalement manqué le virage de l'IA.
Pendant ce temps, Nvidia s'envole
On en dit quoi ?
La franchise du nouveau PDG d'Intel est aussi rare que brutale. C'est une tentative de provoquer un électrochoc dans une entreprise qui s'est longtemps endormie sur ses lauriers. En admettant publiquement l'échec, il espère sans doute forcer une remise en question profonde, une "humilité" nouvelle pour un géant qui se croyait intouchable.
La chute d'Intel est une leçon pour toute l'industrie, mais elle met aussi, d’une certaine manière, en lumière la réussite spectaculaire d'Apple. Pendant qu'Intel stagnait, Apple a méticuleusement construit son écosystème Apple Silicon. En maîtrisant le design de ses puces et en s'alliant avec le meilleur fabricant (TSMC), Apple a montré la voie à suivre.
Je me souviens de mon premier Intel, le tout premier Pentium 60 (qui avait le fameux bug de virgule flottante d’ailleurs). Ça reste un peu triste quand on est attaché à cette marque. Et vous, c’était quoi votre premier achat Intel ?
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