Apple est à nouveau dans la tourmente. La Ligue des Droits de l’Homme vient de déposer une plainte contre la firme américaine, accusée de collecter et d’analyser les enregistrements vocaux de Siri sans le consentement éclairé des utilisateurs. Un lanceur d’alerte, Thomas Le Bonniec, ancien employé d’un sous-traitant d’Apple en Irlande, affirme que des milliers d’analystes écoutaient chaque jour des conversations privées enregistrées, souvent par erreur, par l’assistant vocal.
Des écoutes bien plus poussées qu’annoncé
Selon Thomas Le Bonniec, son job consistait à écouter et annoter 1 300 enregistrements par jour, allant de simples commandes vocales à des conversations très personnelles : discussions médicales, opinions politiques, et même parfois des moments d’intimité. Siri se déclencherait bien plus souvent qu’on ne l’imagine, et capterait des échanges que les utilisateurs n’auraient jamais voulu partager. Ces enregistrements étaient ensuite analysés et recoupés avec d’autres données (contacts, localisation, préférences musicales…) pour, officiellement, améliorer la reconnaissance vocale de Siri.
Apple a toujours assuré que ces écoutes étaient limitées et anonymisées, mais la réalité serait tout autre. D’après la plainte, cette collecte massive violerait le Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui impose un consentement clair et explicite avant toute exploitation d’informations personnelles, et là, on en serait loin.
Thomas Le Bonniec, le lanceur d'alerte qui a le premier relevé ce problème très gênant pour Apple
Un scandale qui dépasse la France
Cette plainte en France arrive alors qu’Apple est déjà sous le coup d’une class action aux États-Unis (Lopez vs Apple). L’entreprise est accusée d’avoir conservé et utilisé des enregistrements entre 2014 et 2024 sans en informer correctement ses clients. Pour éviter d’autres poursuites, Apple envisage de créer un fonds d’indemnisation de 95 millions de dollars, permettant aux utilisateurs américains concernés de toucher 20 dollars par appareil, mais il va peut-être falloir revoir l’enveloppe à la hausse si les plaintes se multiplient partout dans le monde.
La Ligne des Droits de l'Homme a déposé plainte
Apple se défend, mais le doute persiste
De son côté, Apple nie toute exploitation abusive des données et insiste sur le fait que Siri a été conçu pour respecter la confidentialité des utilisateurs. La marque assure également ne jamais avoir vendu ces données à des tiers. Pourtant, de nombreux utilisateurs restent sceptiques, en particulier ceux qui ont déjà eu l’impression d’être espionnés par leur téléphone après une conversation anodine, même si sur ce point, ce phénomène existait déjà bien avant l’arrivée de Siri, il faut l’avouer.
