« Quand vous regardez votre téléphone, qui regarde la route ? » C’est la question percutante posée par la dernière campagne de la Sécurité routière en France. Si le ton est résolument décalé et visuel (avec des images surprenantes de conducteurs jouant aux échecs ou discutant avec des passagers… perchés sur le capot) le message, lui, reste sérieux : l’usage du smartphone au volant tue.
Un danger banalisé mais dévastateur
En 2023, les chiffres sont alarmants : un accident mortel sur dix est lié à une distraction au volant et 25 % des accidents corporels sont provoqués par un défaut d’attention. Le téléphone portable est devenu l’une des principales causes de ces inattention. D’après le baromètre 2024 d’Axa, 80 % des automobilistes et 62 % des motards avouent utiliser leur smartphone en conduisant.
Si le mode GPS reste l’usage le plus courant, les comportements plus risqués explosent : 15 % des motards consultent les réseaux sociaux en roulant, un automobiliste sur trois envoie ou lit des SMS au volant. Or, rédiger un simple SMS en conduisant multiplie par 23 le risque d’accident.
des distractions dangereuses
La Sécurité routière rappelle que l’usage du smartphone entraîne quatre formes de distractions simultanées : 1. Cognitive : votre esprit est concentré sur ce que vous lisez ou écoutez, pas sur la route. 2. Visuelle : vos yeux quittent la route, même brièvement, pour vérifier un message ou un itinéraire. 3. Auditive : vous êtes focalisé sur votre interlocuteur, au détriment des bruits de circulation (klaxons, freinages, etc.). 4. Physique : une main quitte le volant pour tenir le téléphone ou taper un texto.
135 € d’amende et 3 points en moins
En France, la réglementation est stricte sur le sujet. En effet, le téléphone en main est interdit, même à l’arrêt. Les écouteurs, oreillettes et casques (sauf dispositifs intégrés au véhicule ou au casque moto) sont interdits.
Les sanctions sont lourdes : 135 euros d’amende et un retrait de 3 points sur le permis de conduire. Et si vous cumulez une autre infraction (excès de vitesse, non-respect des feux…), votre permis peut être suspendu immédiatement. Ainsi, en 2023, plus de 600 000 contraventions ont été dressées pour utilisation illégale du téléphone au volant.
Article R412-6-1Version en vigueur depuis le 22 mai 2020 Modifié par Décret n°2020-605 du 18 mai 2020 - art. 10
L'usage d'un téléphone tenu en main par le conducteur d'un véhicule en circulation est interdit.
Est également interdit le port à l'oreille, par le conducteur d'un véhicule en circulation, de tout dispositif susceptible d'émettre du son, à l'exception des appareils électroniques correcteurs de surdité.
Les dispositions du deuxième alinéa ne sont pas applicables aux conducteurs des véhicules d'intérêt général prioritaire prévus à l'article R. 311-1, ni dans le cadre de l'enseignement de la conduite des cyclomoteurs, motocyclettes, tricycles et quadricycles à moteur ou de l'examen du permis de conduire ces véhicules.
Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe.
Tout conducteur coupable de cette infraction encourt également la peine complémentaire de suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle.
Cette contravention donne lieu de plein droit à la réduction de trois points du permis de conduire.