La pression s’accentue sur les messageries chiffrées comme WhatsApp, Telegram et Signal. Ces applications -conçues pour garantir la confidentialité des échanges- sont aujourd’hui dans le viseur du gouvernement français. En effet, un amendement controversé de la loi contre le narcotrafic permettrait aux autorités de surveiller certaines conversations.
La lutte contre le narcotrafic justifie-t-elle une porte dérobée ?
Il est une mesure controversée qui est soutenue par Céline Berthon, directrice générale de la DGSI. Cette dernière s’est d'ailleurs exprimée ce week-end dans les colonnes du JDD. Jusqu’ici, les forces de l’ordre disposent de moyens légaux pour intercepter des appels téléphoniques, mais le chiffrement des messageries modernes rend ces méthodes obsolètes, selon Céline Berthon. Très concrètement, nous sommes aveugles sur le contenu des conversations de nos cibles
L’amendement défendu par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau vise donc à instaurer une forme d’interception ciblée, équivalente aux écoutes téléphoniques, mais sur WhatsApp et autres applications du même genre. L’objectif serait de viser uniquement les individus suspectés de préparer des actions violentes.
Un amendement qui inquiète les spécialistes de la cybersécurité
Face aux critiques, la patronne de la DGSI écarte l’idée d’une surveillance généralisée : Soyons très clairs : il ne s’agit absolument pas de surveillance généralisée. Mais le message a du mal à passer. En effet, malgré ces assurances, cette mesure fait bondir les experts en cybersécurité. Ils rappellent qu’introduire une porte dérobée pour les autorités signifie aussi fragiliser la sécurité des communications pour tous.
Si une faille est créée, qui peut garantir qu’elle ne sera pas exploitée par d’autres acteurs ? Le débat dépasse largement les frontières françaises. WhatsApp a déjà menacé de quitter le Royaume-Uni si une telle obligation venait à être imposée. Signal, de son côté, refuse catégoriquement toute compromission du chiffrement.
Pour l’instant, l’amendement a été rejeté par la commission des lois, mais il est de retour sur la table. Si cette mesure venait à être adoptée, elle pourrait modifier en profondeur l’équilibre entre sécurité nationale et vie privée. Une bataille qui ne fait que commencer.