Alors que ses résultats financiers chutent et que la gouvernance du groupe fait débat, STMicroelectronics dévoile un vaste plan d’économies avec un objectif clair : 500 millions de dollars d’économies annuelles à partir de 2027.
Un virage délicat pour le géant européen des semi-conducteurs
STMicroelectronics, le fleuron franco-italien des semi-conducteurs, traverse une zone de turbulence. Ce jeudi, le groupe a confirmé un projet de réorganisation de grande ampleur, qui pourrait conduire à la suppression de 2800 postes d’ici trois ans. Il pourrait s'agir de départs volontaires étalés sur plusieurs années, sans préciser la répartition géographique.
L’annonce intervient alors que la firme doit faire face à une forte baisse de son chiffre d’affaires (-23 % en 2024) et à un effondrement de son résultat d’exploitation, passé de 4,6 milliards à 1,7 milliard de dollars en seulement un an. L'objectif est de redresser la barre d’ici à 2027 avec un plan d’économies d’au moins 500 millions de dollars par an.
Crise de gouvernance entre Paris et Rome
Mais au-delà des résultats, c’est la gouvernance du groupe qui cristallise les tensions. Selon plusieurs sources proches du dossier, l’Italie -coactionnaire principal du groupe aux côtés de la France- aurait retiré son soutien à Jean-Marc Chéry, président du directoire et directeur général du groupe depuis 2018. Une fracture politique qui survient au pire moment pour l’entreprise, à l’heure où les investissements dans la souveraineté technologique européenne sont au cœur des priorités.
Jean-Marc Chéry
Ce plan vise à rationaliser la structure industrielle de STMicroelectronics, tout en sécurisant son modèle de fabricant intégré de composants. Le groupe veut ainsi se recentrer sur ses lignes les plus rentables, renforcer ses capacités en Europe et optimiser ses chaînes de production pour tenir tête à la concurrence américaine et asiatique.
Une nouvelle secousse pour le secteur tech en Europe
Dans un contexte où l’Europe tente justement de rattraper son retard dans les semi-conducteurs, avec le Chips Act et une volonté politique de réindustrialisation (sans parler de la crise géopolitique menée entre les USA et la Chine), l’annonce de ce plan social chez STMicro fait l’effet d’un choc. Le groupe reste l’un des piliers du secteur en Europe, et cette restructuration soulève des inquiétudes chez les salariés comme chez les gouvernements.
Le message est clair : pour survivre dans un marché de plus en plus concurrentiel, même les géants européens devront faire des choix difficiles. La question est de savoir si Paris et Rome réussiront à s’accorder sur l’avenir stratégique de leur champion commun.