Après trois années de croissance, la part de Français détenteurs de cryptomonnaies chute pour la première fois. Un ralentissement qui interroge, alors que l’Europe progresse et que la France peine à suivre.
En 2025, seulement 10 % des Français déclarent posséder des cryptomonnaies, contre 12 % l’an dernier. Il s'agit d'un recul inédit, après trois années de progression continue selon l’étude annuelle publiée ce jeudi par l’Adan, Ipsos et Deloitte. Cela représente environ 5,5 millions de Français -un chiffre conséquent, mais en baisse, qui reflète une forme de désenchantement.
Derrière cette contraction, on trouve plusieurs explications : un climat économique peu propice, des blocages réglementaires, et une fiscalité jugée trop lourde. Les NFT (3 %) et les stablecoins (3 %) accusent également une forte baisse de popularité. À noter que seuls 7 % des détenteurs sont des utilisateurs actifs ; les autres conservent leurs cryptos sur le long terme.
Présentée à Bercy, l’étude dresse un constat sans appel : l’environnement français ne facilite pas le développement du Web3. Si le règlement MiCA est désormais en vigueur en Europe, aucun acteur français n’a encore obtenu d’agrément. Là encore, sont pointés du doigt, un cadre jugé rigide, un accès difficile aux services bancaires et une fiscalité inadaptée.
La réglementation est indispensable, mais elle reste perçue comme contraignante pour l’innovation, précise l’étude. Un constat d’autant plus marquant que d’autres pays européens, comme le Royaume-Uni (19 %), les Pays-Bas (17 %) ou l’Italie (15 %), continuent de progresser.
Un profil d’investisseur qui évolue
On note un autre changement : les jeunes ne sont plus les seuls moteurs du marché. Si les moins de 35 ans représentaient 57 % des investisseurs en 2024, ils ne sont plus que 42 % en 2025. Le public se diversifie, mais reste majoritairement masculin (67 % contre 33 % de femmes).
En termes de portefeuille, les cryptos ne représentent que 2 % de l’épargne globale des Français. Mais elles montent à 17 % chez les détenteurs de crypto-actifs . Ces investisseurs sont également 2,5 fois plus enclins à investir en bourse, et préfèrent délaisser les produits à faible rendement.
Un intérêt toujours solide… mais fragile
Malgré ce recul, l’attrait pour les cryptomonnaies reste palpable. Un Français sur trois envisage d’en acheter en 2025. Sans surprise, le Bitcoin reste le grand favori, loin devant les NFT ou les stablecoins, qui peinent à convaincre hors des cercles spécialisés.
Le marché crypto français traverserait donc une phase d’ajustement. Moins euphorique, plus prudent, et confronté à un environnement institutionnel encore rigide. Mais les signaux d’intérêt sont là, attendant que l’Hexagone se donne peut-être les moyens de rattraper ses voisins européens.
