Dans un climat de tension croissante avec Washington, la Commission européenne renforce sa sécurité numérique. Selon le Financial Times, les agents de Bruxelles seront désormais tenus d’utiliser des téléphones jetables et des ordinateurs portables basiques lors de leurs déplacements aux États-Unis, par crainte d’espionnage.
De source interne, Bruxelles craindrait que les États-Unis ne s’introduisent dans les systèmes de la Commission. Cette mesure de précaution -qui était généralement réservée aux voyages en Chine ou en Ukraine- est désormais élargie au territoire américain. Ce revirement stratégique intervient dans un contexte diplomatique tendu, alors que l’Union européenne tente de préserver la confidentialité de ses communications, notamment dans le cadre des négociations commerciales.
Les employés concernés devront éteindre leur smartphone à la frontière américaine et le placer dans une pochette spéciale s’ils ne l’utilisent pas, afin d’éviter toute compromission. La pratique du burner phone, ou téléphone jetable, devient ainsi une norme temporaire pour certains hauts fonctionnaires européens.
Une délégation bientôt à Washington
La première mission concernée par ces nouvelles consignes comprend un commissaire européen à l’économie et deux autres membres de la Commission, attendus à Washington du 21 au 26 avril 2025. Le but de ce déplacement est de discuter d’une sortie de crise dans la guerre commerciale transatlantique, alors que Donald Trump continue de souffler le chaud et le froid sur les relations économiques avec Bruxelles. Cette consigne risque de tendre un peu les conversations...
Le président américain a récemment annoncé des droits de douane de 20 % sur les produits européens, avant de faire marche arrière ! Il a également appelé certaines entreprises européennes à mettre fin à leurs politiques de diversité et d’inclusion, provoquant de vives réactions au sein de l’Union.
Washington, un partenaire devenu “adversaire”
Pour l’Europe, le risque est clair : les États-Unis pourraient exploiter leur position technologique et douanière pour obtenir un avantage stratégique. Washington n’est pas Pékin ou Moscou, mais c’est un adversaire qui a tendance à utiliser des méthodes extra-légales pour favoriser ses intérêts, résume Luuk van Middelaar, directeur du think tank Brussels Institute for Geopolitics.
Si les pratiques d’espionnage entre alliés ne sont pas nouvelles (souvenez vous de l’affaire Snowden), ce durcissement de posture marque un tournant. Il témoigne d’un changement de perception : l’Union européenne ne voit plus les États-Unis uniquement comme un partenaire, mais aussi comme un concurrent géopolitique susceptible d’user de tous les moyens pour défendre ses intérêts.
Cette méfiance mutuelle pourrait peser lourdement sur les futures discussions commerciales et technologiques, à l’heure où les deux blocs doivent aussi composer avec la montée en puissance de la Chine et la recomposition de l’ordre mondial.