C’est une présentation très attendue que SFR vient de livrer à ses investisseurs. Allégé d’une bonne partie de sa dette, l’opérateur télécom tente désormais de se rendre désirable sur un marché français où les grandes manœuvres pourraient enfin reprendre. En ligne de mire : de potentiels acheteurs ou partenaires industriels.
Une dette partiellement effacée et des résultats en légère amélioration
L’année 2024 restera comme un tournant pour SFR. En acceptant de céder 45 % de son capital à ses créanciers, Patrick Drahi a obtenu un allègement massif de la dette d’Altice France : 8,5 milliards d’euros effacés et un étalement du remboursement des 15,1 milliards restants. Il s'agit d'un signal positif, mais cela ne suffit pas à masquer une dynamique opérationnelle encore fragile.
Malgré un chiffre d’affaires en recul de 5,6 % (10 milliards d’euros) et un Ebitda en baisse de 9,4 % (3,3 milliards), la direction met en avant des indicateurs encourageants. SFR a ainsi regagné 17 000 abonnés mobiles (hors prépayés) au premier trimestre 2025, après avoir perdu plus d’un million de clients l’année précédente. Sur le fixe, la baisse est quasi nulle (-3.000).
Source Altice
Un discours optimiste… pour séduire d’éventuels acheteurs ?
En interne comme en externe, ce regain de confiance est interprété comme un moyen de rassurer les marchés et, surtout, d’attirer des repreneurs. Car SFR est désormais considéré comme une entreprise à vendre. Le secteur des télécoms tricolore attend depuis des années une consolidation, que ce nouveau contexte pourrait relancer.
L’opérateur XpFibre -filiale spécialisée dans le déploiement de la fibre optique dans les zones peu denses- est en vente depuis plusieurs mois. Altice espère tirer au moins 2 milliards d’euros hors dette de sa participation de 50 % dans cette entité, dont les bénéfices devraient atteindre 400 millions d’euros cette année.
Mais au-delà de XpFibre, les observateurs parient sur une opération plus large. Il peut s'agir d'un concurrent français comme Iliad (Free), Bouygues Telecom ou même Orange. Ou encore un acteur étranger ! STC (Arabie saoudite) et Etisalat (Émirats arabes unis) seraient déjà en train de sonder le marché, dans la droite ligne de leur stratégie européenne.
Une reprise qui devra convaincre au-delà de la finance
En définitive, vendre SFR ou le faire fusionner nécessitera de convaincre bien au-delà des seuls investisseurs. Les autorités de la concurrence auront en effet leur mot à dire, d’autant plus si une opération réduit le nombre d’acteurs sur le marché français.
De plus, les candidats potentiels devront composer avec une structure encore affaiblie sur le plan opérationnel. La guerre des prix, le recul des revenus commerciaux (-2,4 %) et les pertes accumulées ces dernières années laissent des traces.
Mais dans un contexte où l’endettement redevient supportable, où les premiers signaux commerciaux repassent au vert, SFR espère se replacer dans le jeu. Pour Dennis Okhuijsen, bras droit de Patrick Drahi, il y a de la place pour quatre acteurs. Toutes les options restent donc ouvertes.