Les amendes infligées hier par la Commission européenne à Apple et Meta ont déclenché une vague d’indignations à Washington. Accusant l’Union européenne de cibler délibérément les entreprises américaines, la Maison Blanche a dénoncé ce jeudi 25 avril une forme “d’extorsion économique”. Cette accusation musclée confirme malheureusement l’escalade des tensions transatlantiques autour de la régulation numérique.
La Commission européenne a sanctionné hier Apple à hauteur de 500 millions d’euros, et Meta de 200 millions, dans le cadre de la législation sur les marchés numériques (Digital Markets Act). Entré en vigueur en mars 2024, le DMA vise à encadrer les pratiques des géants du numérique en Europe, notamment en matière de concurrence et d’utilisation des données personnelles.
Les accusations sont claires : abus de position dominante pour Apple, via son App Store, et consentement biaisé chez Meta, dans ses offres publicitaires. Précisons que ces deux enquêtes se sont terminées le 23 avril après plusieurs mois d’instruction.
Une régulation jugée discriminatoire par les États-Unis
Cette nouvelle forme d’extorsion économique ne sera pas tolérée par les États-Unis, a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, cité par Reuters. Plus encore, Washington estime que les amendes prononcées visent de manière ciblée les entreprises américaines, et constituent une menace pour l’innovation et même pour la liberté d’expression.
Les réglementations extraterritoriales qui ciblent spécifiquement les entreprises américaines, étouffent l’innovation et permettent la censure seront reconnues comme des obstacles au commerce, insiste le porte-parole. Si l’Europe met en avant une volonté de défendre ses consommateurs et de favoriser la concurrence, les États-Unis y voient une attaque politique. D’autant que d’autres géants américains comme Google et X seraient également visés par de futures sanctions.
L’administration Trump, déjà critique envers l’UE, pourrait s’en servir comme prétexte pour durcir sa politique commerciale. Pour le moment, Washington a suspendu Un projet de droits de douane à 20 % sur les importations européennes est toujours à l’étude à Washington.
Apple et Meta sur la défensive
Apple et Meta ont tous deux contesté les accusations, annonçant faire appel des décisions de Bruxelles. Les deux firmes estiment respecter les règles européennes et dénoncent une lecture restrictive et inéquitable des nouvelles normes.
Ces tensions ne font que mettre en évidence deux modèles diamétralement opposés : d’un côté, une Europe qui veut encadrer les géants du numérique ; de l’autre, une Amérique qui y voit constamment une remise en cause de son leadership technologique.
Durant ses deux mandats, Donald Trump n’a jamais caché son hostilité aux régulations européennes qu’il jugeait excessives. Bien connu pour ses critiques virulentes contre les régulations européennes, le président américain pourrait y voir un nouveau prétexte pour durcir le ton avec Bruxelles. Aussi peut-on craindre une réaction de sa part aux sanctions contre Apple et Meta, ce qui pourrait marquer encore un tournant dans les relations numériques transatlantiques.