Le contexte social s'y prête. La ministre de la Santé et des Familles vient d'annoncer un arrêté en préparation avec plusieurs mesures phares, dont une visant à interdire les écrans pour les enfants de moins de trois ans. A l'image de la loi de 2019 -qui avait notamment prononcé l’interdiction symbolique de la fessée-, Catherine Vautrin entend provoquer un choc et insuffler l’idée que ça ne se fait pas!
Interdiction dans les lieux d’accueil, mais pas seulement
Dans un entretien accordé au JDD, Catherine Vautrin entend appliquer l’interdiction des écrans dans les crèches, haltes-garderies et autres structures d’accueil juridiquement contraignante. Selon elle, les professionnels -déjà sensibilisés- disposeront d’un référentiel juridique renforcé, leur permettant également de conseiller plus facilement les parents.
Pas de sanctions, mais une norme morale
En effet, le message ne s’arrête pas là : l’interdiction s’appliquera partout, y compris à la maison . Bien que l’État ne puisse matériellement pas contrôler ce qui se passe au domicile, le but est d’ancrer une vraie norme culturelle limitant l’exposition des tout-petits aux écrans.
Dans la lignée de l’interdiction de la fessée, cette mesure vise à diffuser un repère, plutôt qu’à multiplier les procédures ou amendes. Selon le modèle appliqué en 2019, l’interdiction figure sur les carnets de santé ou les documents remis à la maternité / chez le pédiatre, appuyée par des campagnes d’information -courriers CAF et CPAM, communication pédagogique- pour que personne ne puisse dire : ah, mais je ne savais pas.
Enjeux de santé publique et développement de l’enfant
Les arguments utilisés s’appuient sur un constat scientifique : les écrans perturberaient le développement neurologique des enfants, entraînant des risques de retard de langage, troubles de l’attention, isolement ou obésité. Une recommandation ancienne -déjà partagée par l’OMS et la Société canadienne de pédiatrie- prônait le bannissement des écrans avant 2 ans et leur limitation avant 5 ans.
Mais en pratique, à défaut de sanctions, certains passeront outre... Il reste en effet à changer les mentalités ou à responsabiliser les adultes à défaut ce texte sera lettre morte, comme bien d'autres.