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Commission TikTok : "chaque mois qui passe, des jeunes sont sacrifiés"

Par Vincent Lautier - Publié le

Après trois mois d'auditions, la commission d'enquête parlementaire sur TikTok a rendu ses premières conclusions. Dans un entretien au Monde, ses dirigeants dénoncent la "mauvaise foi" de la plateforme et "l'impuissance" des pouvoirs publics face à un algorithme jugé dangereux pour les jeunes.

Commission TikTok : "chaque mois qui passe, des jeunes sont sacrifiés"


Un algorithme qui "catalyse le mal-être"



La conclusion des députés est sans appel. Après avoir auditionné plus de 150 acteurs, ils estiment que TikTok a des "effets psychologiques indéniables sur les plus jeunes". Trois points sont particulièrement ciblés : l'efficacité redoutable de son algorithme pour capter l’attention, la privation de sommeil qu’il engendre et son rôle de "catalyseur de mal-être".

Si les députés reconnaissent que des contenus positifs existent, ils considèrent que c'est une "goutte d'eau". Pour eux, l’algorithme met structurellement en avant "la radicalité et le négatif".

Commission TikTok : "chaque mois qui passe, des jeunes sont sacrifiés"


Face à TikTok, un sentiment "d'imposture"



L’audition des représentants de TikTok en France semble avoir été un moment clé. La rapporteuse Laure Miller (Renaissance) n’hésite pas à parler d’une "leçon de langue de bois" et d’une "imposture".

Les dirigeants de la commission reprochent à la plateforme sa "mauvaise foi". Ils estiment que TikTok a les moyens techniques de mettre en place une vérification d’âge efficace pour protéger les mineurs, mais qu’ils refusent de le faire. Une posture jugée "insupportable" par les élus.

Des pouvoirs publics "tétanisés"



Mais la critique des députés ne vise pas que TikTok. Le président de la commission, Arthur Delaporte (Parti Socialiste), se dit surpris par "le sentiment d’impuissance d’un grand nombre d’acteurs publics".

Il utilise une image forte pour décrire la situation : celle du "lapin devant les phares de la voiture", "tétanisé et qui ne fait rien". Pour lui, il y a urgence à agir, car "chaque mois qui passe sans régulation, des jeunes sont sacrifiés".

Commission TikTok : "chaque mois qui passe, des jeunes sont sacrifiés"


L’audition des influenceurs, un mal nécessaire ?



La commission a fait parler d’elle en auditionnant des influenceurs controversés. Un choix assumé par les députés, qui expliquent avoir voulu comprendre la "mécanique économique" derrière ces contenus problématiques.
Ils reconnaissent le paradoxe d’avoir offert une tribune à ces personnages, mais renvoient la responsabilité aux plateformes qui les mettent en avant.

On en dit quoi ?



Cette commission d’enquête a le mérite de mettre des mots sur ce que beaucoup ressentent. Le constat est sévère : l’algorithme de TikTok pose un problème, et la plateforme pratique la politique de l’autruche.
La critique envers l’inaction des pouvoirs publics est tout aussi juste. On a l’impression d’assister à une prise de conscience, ce qui est une bonne nouvelle.

Sauf que voilà, le rapport final ne sera rendu qu’en septembre. On peut craindre que, comme souvent, ce travail n’accouche que de recommandations qui resteront lettre morte. Le vrai test sera de voir si les politiques passeront de l’état de "lapin tétanisé" à l’action concrète. Et vous, vous pensez qu’une régulation plus stricte de ces algorithmes est possible ?

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