C'est une arlésienne depuis des années, mais les choses bougent enfin. La Commission européenne a annoncé hier le lancement d'un test pour une application de vérification de l'âge en ligne. La France fait partie des cinq pays pilotes qui vont l'expérimenter.
Prouver son âge sans révéler son identité
Comment empêcher les mineurs d'accéder à des contenus pour adultes (pornographie, jeux d'argent...) sans pour autant compromettre la vie privée de tout le monde ? C'est le casse-tête que l'Europe tente de résoudre. La solution proposée est une application qui servirait de tiers de confiance.
L'idée est simple : l'utilisateur prouverait son âge une bonne fois pour toutes à l'application, par exemple en utilisant un document d'identité ou via un partenaire comme sa banque. Ensuite, lorsqu'un site web demandera une vérification, l'application enverra simplement un "feu vert", confirmant que l'utilisateur est bien majeur, mais sans jamais transmettre son identité ou son âge exact au site en question.
Une "victoire" pour la France
Cette initiative est une victoire politique pour la France, qui milite pour un tel système depuis des années. La ministre du Numérique, Clara Chappaz, et le président Emmanuel Macron se sont immédiatement félicités de cette annonce. Pour eux, cette application est la brique technologique qui manquait pour pouvoir, à terme, appliquer une interdiction d'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, une des promesses du gouvernement.
Une obligation pour les sites à risques
Ce projet pilote s'inscrit dans un cadre plus large, celui du Digital Services Act (le DSA). La Commission européenne a publié hier de nouvelles lignes directrices qui rendent la "vérification d'âge stricte" obligatoire pour les plateformes considérées à "haut risque", comme les sites pornographiques.
Ces recommandations invitent aussi les réseaux sociaux à mieux protéger les mineurs, par exemple en rendant leurs comptes privés par défaut ou en supprimant les fonctionnalités qui créent de l'addiction.
On en dit quoi ?
Sur le papier, l'approche européenne est intelligente. Le système de "tiers de confiance" qui ne partage pas les données personnelles est la seule solution viable pour concilier protection des mineurs et respect de la vie privée. Le vrai défi sera l'adoption : il faudra que cette application, qui devrait à terme être intégrée au futur portefeuille d'identité numérique européen, soit acceptée par tous les grands acteurs du web, et pour se faire, il faudra probablement légiférer.
L'idée d'un "passeport d'âge" universel est séduisante, mais on imagine déjà les réticences de plateformes comme TikTok ou Meta, dont le modèle économique repose en partie sur la captation du temps d'écran des plus jeunes. Et vous, une application officielle pour vérifier votre âge en ligne, vous seriez prêt à l'utiliser ?
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