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États-Unis : 475 salariés arrêtés dans une usine Hyundai-LG, Séoul proteste

Par Vincent Lautier - Publié le

Un raid de de la police de l’immigration, sur le chantier d’une usine Hyundai-LG en Géorgie a conduit à l’arrestation de 475 travailleurs, majoritairement sud-coréens. L’opération, la plus massive jamais menée sur un seul site, suscite une vive réaction à Séoul et interroge sur la stratégie migratoire de Washington.

États-Unis : 475 salariés arrêtés dans une usine Hyundai-LG, Séoul proteste


Un raid massif sur une usine en chantier



Les agents de l’ICE (la police de l’immigration américaine, équivalent d’un office de lutte contre l’immigration illégale) ont mené une descente spectaculaire sur le chantier de l’usine Hyundai-LG à Ellabell, dans l’état américain de Géorgie. Bilan : 475 travailleurs interpellés, dont plus de 300 Sud-Coréens. L’intervention, menée avec plus de 400 agents, a stoppé net l’un des projets industriels les plus importants entre Séoul et Washington. Selon les autorités américaines, les personnes arrêtées étaient en situation irrégulière : entrée illégale, visa expiré ou statut ne permettant pas de travailler.

États-Unis : 475 salariés arrêtés dans une usine Hyundai-LG, Séoul proteste


Travailleurs qualifiés ou main-d’œuvre illégale ?



L’avocat Charles Kuck, qui défend plusieurs travailleurs coréens interpellés, affirme qu’il ne s’agit pas de travailleurs clandestins mais d’ingénieurs et de techniciens qualifiés. Ils étaient venus pour des missions de courte durée, parfois de quelques semaines seulement, dans le cadre de la mise en service de l’usine. Beaucoup disposaient de visas B-1, un statut qui autorise les visites professionnelles mais interdit tout travail manuel rémunéré. Cette faille bien connue du système américain est souvent utilisée pour contourner les limites des visas de travail classiques, trop restrictifs pour les besoins industriels.

États-Unis : 475 salariés arrêtés dans une usine Hyundai-LG, Séoul proteste


Séoul monte au créneau, Trump assume



Face à l’ampleur de l’opération et au traitement réservé à ses ressortissants, la Corée du Sud a réagi rapidement. Un vol spécial a été affrété pour rapatrier les travailleurs, et le ministre des Affaires étrangères s’est rendu à Washington. À l’inverse, Donald Trump assume et revendique cette action, qu’il inscrit dans sa volonté de défendre l’emploi américain. Il plaide néanmoins pour l’accueil encadré d’experts étrangers chargés de former la main-d’œuvre locale. Une position ambiguë, qui ne résout ni les tensions diplomatiques, ni les problèmes de recrutement sur des compétences rares.

Un coup dur pour Hyundai… et pour l’image des États-Unis



Hyundai a tenu à clarifier : aucun des interpellés ne travaille directement pour le constructeur. Il s’agit de sous-traitants ou de prestataires. Le groupe a lancé une enquête interne pour vérifier la conformité des procédures d’embauche. LG, co-investisseur sur le site, a suspendu les déplacements professionnels vers les États-Unis et demandé à ses salariés sur place de rester à l’abri ou de rentrer en Corée. Le chantier est stoppé, et la production de batteries, initialement prévue début 2026, pourrait être repoussée. En bourse, les actions de Hyundai et LGES ont immédiatement reculé.

Une politique migratoire en décalage avec la réalité industrielle



Derrière ce raid, c’est surtout l'inefficacité du système migratoire américain qui ressort. Alors que Washington pousse à relocaliser les industries stratégiques, les entreprises étrangères peinent à obtenir des visas pour leurs spécialistes. Résultat : contournements juridiques, incertitude permanente, et risques judiciaires. Pour la Corée du Sud, l’affaire est un signal d’alerte. À défaut d’un cadre clair et stable pour faire venir du personnel qualifié, les investissements promis dans l’industrie verte américaine pourraient être reconsidérés. Un paradoxe de plus pour une stratégie industrielle censée relancer le "made in USA".