C'est une décision qui a fait l'effet d'une bombe dans la Silicon Valley. L'administration Trump a annoncé en fin de semaine dernière l'instauration de frais de 100 000 dollars pour les visas de travail H-1B, massivement utilisés par les géants de la tech pour recruter des ingénieurs étrangers. Une mesure protectionniste dans le but de "protéger les travailleurs américains".
Un "mur" financier pour les talents étrangers
La mesure, annoncée par décret présidentiel, est assez impressionnant. Les entreprises qui souhaitent embaucher un travailleur étranger qualifié via le programme H-1B devront désormais s'acquitter d'une taxe de 100 000 dollars, contre moins de 10 000 dollars actuellement.
L'annonce initiale, très floue, a provoqué un vent de panique, de grandes entreprises comme Amazon ou Microsoft conseillant à leurs employés sous visa de ne pas quitter le territoire américain. La Maison Blanche a ensuite clarifié que la mesure ne s'appliquerait qu'aux nouvelles demandes de visa, et non aux renouvellements, sans pour autant calmer la panique du secteur.
La Silicon Valley dépendante de l'immigration
Cette mesure est une attaque directe contre le modèle de la Silicon Valley, qui repose en grande partie sur l'apport de talents du monde entier. Les géants comme Amazon, Microsoft, Meta, Google et Apple sont les plus grands utilisateurs de ce programme.
Les chiffres sont d’ailleurs assez fous : en 2024, 71% des visas H-1B ont été accordés à des citoyens indiens, loin devant la Chine (12%). Selon plusieurs analystes, plus de 60% des ingénieurs de la Silicon Valley sont étrangers, car il n'y a tout simplement "pas assez" de talents américains pour combler les besoins.
"Nous ne gagnerons pas la course à l'IA"
La réaction du monde de la tech a été unanime pour dénoncer une mesure qui va freiner l'innovation. Le lobby de la Silicon Valley, la Chambre du Progrès, a prévenu que les États-Unis "ne gagneront pas la course à l'intelligence artificielle s'ils ferment la porte aux meilleurs talents".
L'argument de Donald Trump est que ce visa a été "manipulé de manière flagrante" par les entreprises pour embaucher de la main-d'œuvre étrangère moins chère. Pour la Maison Blanche, cette taxe garantira que seuls les travailleurs "réellement très qualifiés" et "non remplaçables par des Américains" seront embauchés.
On en dit quoi ?
C'est une mesure protectionniste typique de l'administration Trump. Le discours sur la "protection des emplois américains" est politiquement porteur, même s'il semble déconnecté de la réalité du marché du travail dans la tech, qui souffre d'une pénurie de talents.
Cette décision place les géants de la tech, qui avaient pourtant affiché leur soutien à Donald Trump, dans une position délicate. Ils se retrouvent pris au piège entre leur besoin vital de talents étrangers et la volonté politique de Trump de fermer les frontières. La légalité même de ce décret est d’ailleurs contestée, et une bataille judiciaire s'annonce.