Changement de direction chez OVHcloud. Le fondateur, Octave Klaba, reprend le poste de PDG, à peine un an après l'arrivée de Benjamin Revcolevschi. Cette reprise en main coïncide avec la publication de résultats décevants et des prévisions de croissance modestes, provoquant une lourde chute du titre en Bourse.
Un retour pour « rapprocher la vision »
OVHcloud a annoncé un changement majeur de gouvernance ce mardi. Octave Klaba, l'emblématique fondateur, reprend la direction générale du groupe, sept ans après avoir cédé ce poste. Il fusionne ainsi les fonctions de président du conseil d'administration, qu'il occupait toujours, et celle de directeur général. Cette décision met fin au mandat de Benjamin Revcolevschi, qui n'aura tenu qu'un an à ce poste. Pour Klaba, qui détient toujours plus de 80 % des droits de vote, l'objectif affiché est de rapprocher la vision, la stratégie et l’exécution.
Sanction immédiate et prévisions décevantes
Ce retour aux commandes n'était pas prévu ; il s'agit d'une réaction à une situation financière tendue. Les marchés ont immédiatement sanctionné cette annonce : le titre OVHcloud a dévissé de près de 20 % à la Bourse de Paris. En cause, des résultats jugés décevants et, surtout, des perspectives de croissance très faibles. Si l'entreprise a franchi pour la première fois le cap du milliard d'euros de chiffre d'affaires, sa dynamique ralentit. La prévision de croissance pour 2026, située entre 5 % et 7 %, est bien en deçà des attentes du marché et bien loin de la concurrence des géants américains.
Le pari du cloud souverain face aux géants
L'entreprise de Roubaix est prise en étau. Sa dette nette atteint désormais 1,1 milliard d'euros et son bénéfice sur l'exercice 2025 est quasi symbolique. Face aux mastodontes AWS, Microsoft et Google, Klaba entend réaffirmer la stratégie du champion européen du cloud souverain. Il compte sur les tensions géopolitiques et les hausses de prix de concurrents pour séduire les grands comptes et les acteurs publics. L'objectif est de reproduire en Allemagne et en Italie le succès obtenu auprès des grandes entreprises en France.
Octave Klaba
On en dit quoi ?
Le retour du fondateur est un classique dans la tech, mais c'est une manœuvre à double tranchant. La Bourse, en sanctionnant lourdement le titre, montre qu'elle doute. L'histoire est pleine de "patrons boomerangs" qui se plantent en appliquant de vieilles recettes, de Dell à Twitter, le seul vrai contre-exemple réussi est d’ailleurs Steve Jobs. Octave Klaba n'a jamais caché sa déception face à la performance de l'activité historique des "petits clients", qui pèse la moitié des revenus. En reprenant le contrôle total, il joue son va-tout. Le défi est immense : il doit prouver qu'il n'est pas seulement le fondateur, mais aussi l'homme capable de relancer la machine face à des géants sur des marchés, comme l’IA, où OVH semble déjà distancé.
