Bill Gates fête aujourd'hui ses 70 ans. Né le 28 octobre 1955, l'occasion est parfaite pour revenir sur le parcours du fondateur de Microsoft, dont la carrière est indissociable de son éternel rival, Steve Jobs. Une relation complexe, faite de mépris, de concurrence féroce, et d'un sauvetage financier inattendu.
De Microsoft au premier Mac
Difficile de résumer la carrière de Bill Gates. On peut penser à la fondation de Microsoft avec Paul Allen, au coup de génie stratégique d'imposer MS-DOS à IBM, ou à la domination absolue de Windows sur le monde du PC pendant des décennies. Mais ce qu'on oublie parfois, c'est que Gates a d'abord été un partenaire clé d'Apple. Il a été l'un des premiers à croire au Macintosh, et Microsoft a fourni des logiciels essentiels comme Excel et Word pour la plateforme naissante de Jobs. À l'époque, les deux hommes collaboraient étroitement, même si la méfiance était franchement palpable.
La guerre ouverte du vol de l'interface
La relation bascule quand Microsoft lance Windows. Steve Jobs, furieux, accuse Gates d'avoir pillé l'interface graphique du Mac, que Jobs avait lui-même largement empruntée à Xerox PARC. S'ensuit une décennie de guerre totale. Pendant que Microsoft devient l'empire incontesté avec Windows 95, écrasant le marché, Apple est au bord de la faillite. Gates est alors dépeint comme l'ennemi public numéro un à Cupertino, l'antithèse de la philosophie Think Different. Le duel Gates/Jobs devient la saga centrale de l'informatique personnelle, opposant deux visions radicalement différentes de l'industrie. Je vous recommande d’ailleurs très vivement de regarder le film Les Pirates de la Silicon Valley qui est assez génial à ce sujet.
1997 : Le sauvetage inattendu
C'est peut-être le plus grand retournement de situation de l'histoire de la tech. En 1997, Steve Jobs est de retour aux commandes d'une Apple moribonde. Lors de la Macworld Expo, il annonce l'impensable : Microsoft investit 150 millions de dollars dans Apple. L'objectif n'est pas philanthropique ; Gates sécurise le développement d'Office pour Mac, évitant un procès pour monopole, et Apple gagne en crédibilité. L'image de Bill Gates apparaissant sur l'écran géant lors de l’annonce, hué par le public, est un moment culte. Sans cet accord, Apple n'aurait peut-être jamais survécu pour lancer l'iMac, l'iPod ou l'iPhone.
On en dit quoi ?
L'histoire de Bill Gates est fascinante parce qu'elle n'est pas manichéenne. Pour la génération Mac, il a longtemps été le méchant de l'histoire. Pourtant, rétrospectivement, sa rivalité avec Jobs a défini toute l'industrie. Gates était l'homme d'affaires pragmatique, le stratège logiciel obsédé par les parts de marché, face au visionnaire, et intransigeant, qu'était Jobs. Et ironiquement, c'est ce pragmatisme qui l'a poussé à sauver son principal concurrent en 1997. Aujourd'hui, Gates a totalement pivoté vers la philanthropie, s'attaquant au climat et aux pandémies via sa fondation, une seconde vie que Jobs, focalisé sur Apple jusqu'au bout, n'aura pas vraiment eu le temps d’avoir. C'est aussi un rappel que la tech n'est pas faite de héros et de méchants, mais d'intérêts stratégiques complexes et de personnalités souvent hors normes.
