C'est une première qui risque de faire date. Le co-PDG de Netflix, Ted Sarandos, a révélé que la nouvelle série à succès "The Eternaut" était la première production de la plateforme à utiliser des effets spéciaux générés par IA. Si Netflix se félicite du résultat, la nouvelle a provoqué un tollé.
Une scène de destruction "10 fois plus rapide"
L'annonce a été faite lors d'un appel avec les investisseurs la semaine dernière. Ted Sarandos a expliqué que pour une scène montrant un bâtiment s'effondrer à Buenos Aires dans la série de science-fiction argentine The Eternaut, les équipes avaient utilisé des outils d'IA générative.
Selon lui, les bénéfices sont évidents. La séquence a été réalisée "10 fois plus vite" qu'avec des techniques traditionnelles, et pour un coût bien inférieur, ce qui a rendu la scène "faisable" pour le budget de la série.
"Le profit avant l'art" : la colère des créatifs
Cette annonce a été très mal reçue par une partie du public et de l'industrie. Sur des forums comme Reddit, les commentaires ont fusé : "le profit avant l'art", "comment et avec quoi cette IA a-t-elle été entraînée ?".
Beaucoup y voient la confirmation de leurs craintes : que les studios utilisent l'IA comme un moyen de réduire les coûts et de remplacer, à terme, le travail des artistes spécialisés dans les effets spéciaux. Une inquiétude qui était déjà au cœur des grèves des scénaristes et des acteurs à Hollywood en 2023.
Le symbole de "The Eternaut"
Ce qui rend l'affaire encore plus sensible, c'est le choix de la série. The Eternaut est l'adaptation d'une bande dessinée argentine culte, un monument de la culture locale. Son auteur, Héctor Germán Oesterheld, a été "disparu" et assassiné par la dictature militaire en 1977.
Le fait que cette œuvre, symbole de la résistance et de la création humaine face à l'oppression, soit la première à être officiellement associée à une technologie aussi controversée que l'IA est vu par beaucoup comme une insulte.
On en dit quoi ?
Ted Sarandos a beau présenter l'IA comme un "outil pour aider les créateurs", tout le monde a bien compris que le véritable objectif est de réduire les coûts et les délais de production. Le génie est sorti de la bouteille, et on verra de plus en plus ce genre de technologie à l'avenir.
Le choix de "The Eternaut" pour cette "première" est plutôt maladroit. C'est une œuvre au statut quasi sacré en Argentine, dont l'auteur a été assassiné. L'associer à une technologie accusée de "piller" le travail des créatifs et de déshumaniser l'art est, au mieux, une preuve d'une grande inculture, au pire, d'un cynisme total. Et vous, que des effets spéciaux soient créés par une IA plutôt que par des humains, ça vous dérange ?
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