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Apple versus Royaume-Uni : la bataille des portes dérobées dans iCloud s’intensifie

Par Laurence - Publié le

Le bras de fer entre Apple et le gouvernement britannique autour du chiffrement des données s’intensifie. Après le refus catégorique d’Apple de créer une porte dérobée pour l’accès aux données iCloud, deux groupes de défense des droits de l’homme -Privacy International et Liberty- ont déposé une plainte pour dénoncer cette demande qu’ils jugent disproportionnée et dangereuse pour la sécurité numérique mondiale.

Apple UK iCloud Backdoor Chiffrement
©Mac4Ever 2025


Apple face à la pression du Royaume-Uni



Comment tout cela a commencé ? Le Royaume-Uni, s’appuyant sur la loi Investigatory Powers Act a exigé qu’Apple implémente une backdoor dans iCloud, permettant un accès aux données chiffrées des utilisateurs. Cette mesure -si elle était exécutée- aurait donc des répercussions bien au-delà des frontières britanniques.

Fidèle à sa position historique sur la confidentialité, Apple a refusé de s’y plier et a préféré retirer la fonctionnalité de protection avancée des données du Royaume-Uni, afin d’éviter toute obligation légale de fournir un moyen de déchiffrer les données des utilisateurs d’iPhone, iPad et Mac. La firme avait réitéré ses engagements : Nous n’avons jamais construit de porte dérobée ou de clé principale pour l’un de nos produits, et nous ne le ferons jamais.

Microsoft OpennAi UK


Les défenseurs des droits de l’homme montent au créneau



Aujourd’hui, l’affaire prend une nouvelle tournure. Les deux groupes d'activistes, Privacy International et Liberty, ont à leur tour saisi l' Investigatory Powers Tribunal. Ils réclament que le recours d’Apple soit examiné publiquement, et dénoncent une menace directe pour les libertés fondamentales.

Caroline Wilson Palow, directrice juridique de Privacy International, s’était d'ailleurs insurgée : L’utilisation par le Royaume-Uni d’une ordonnance secrète pour saper la sécurité des gens dans le monde entier est inacceptable et disproportionnée. Les utilisateurs du monde entier s’appuient sur le chiffrement de bout en bout pour se protéger du harcèlement et de l’oppression.

Caroline Wilson Palow
Caroline Wilson Palow


De son côté, Akiko Hart, à la tête de Liberty, met en garde contre l’impact global de cette démarche : Ce serait une décision totalement imprudente et sans précédent de la part du gouvernement britannique d’ouvrir une porte dérobée à ces données, et qui aurait des conséquences mondiales.

Akiko Hart
Akiko Hart


Une bataille juridique et politique



L’affaire, actuellement examinée lors d’une audience à huis clos suscite également des réactions au-delà du Royaume-Uni. Plusieurs médias britanniques -dont la BBC, Reuters, Sky News et des journaux comme The Guardian et The Times- ont aussi déposé une demande pour que le dossier Apple soit débattu en public.

La tension est montée d’un cran lorsqu’aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump a exprimé ses inquiétudes face à la demande du Royaume-Uni, la comparant aux pratiques de surveillance du gouvernement chinois.

En parallèle, Washington examine si cette demande britannique viole la loi CLOUD (Clarifying Lawful Overseas Use of Data), qui empêche les deux pays de solliciter des données directement auprès des citoyens de l’autre sans passer par des canaux juridiques spécifiques.

Alors que l’affaire continue de faire des vagues des deux côtés de l’Atlantique, une chose est sûre : Apple ne semble pas prête à céder sur le chiffrement de bout en bout, réaffirmant sa volonté de protéger la confidentialité de ses utilisateurs -peu important la pression gouvernementale.