Changement stratégique chez Peugeot Invest : la famille Peugeot tourne la page de l'automobile. Exit les projets avec Stellantis, dont la participation vient d’être lourdement dévalorisée. Edouard Peugeot prend la main, avec une ligne claire : diversification hors du secteur auto.
La famille Peugeot quitte la route
Ce 20 mai marque une rupture symbolique dans l’histoire industrielle française : Edouard Peugeot succède à son père Robert à la présidence de Peugeot Invest. Ce changement ne se limite pas à une passation de pouvoir : il acte une prise de distance assumée avec l’automobile. Le nouveau dirigeant, financier de formation, tourne le dos à l’héritage industriel de la famille pour repositionner le holding sur d’autres secteurs. En ligne de mire : sortir du piège Stellantis, en perte de vitesse, dont la valorisation a fondu et qui pèse encore 40 % des actifs de Peugeot Invest.
Stellantis, un actif devenu trop lourd à porter
Stellantis enchaîne les alertes : cours de Bourse divisé par trois, bénéfices en chute libre, marques américaines en souffrance, et une gouvernance toujours floue après le départ de Carlos Tavares. Peugeot Invest a dû enregistrer une dépréciation de 1,9 milliard d’euros sur sa participation, et le message est désormais clair : "Investir dans Stellantis n’est plus d’actualité." Même en cas de nouvel appel au capital, la famille ne suivra pas. Après le traumatisme du sauvetage de PSA il y a dix ans, les Peugeot refusent de remettre au pot.
La diversification comme planche de salut
La stratégie du nouveau président repose sur un virage clairement assumé : la diversification. Peugeot Invest mise désormais sur la santé, les services financiers et la tech. Derniers exemples en date : 105 millions investis dans Novétude, spécialisée dans la formation paramédicale, et la vente partielle de sa participation dans Spie pour 164 millions. Exit l’immobilier, le capital-risque ou les participations passives dans des fonds. L’objectif est clair : devenir un actionnaire minoritaire influent dans des projets choisis très en amont.
La fin de Peugeot dans Peugeot ?
La question taboue est donc bien là : et si la famille Peugeot sortait totalement de Stellantis ? Déjà, seuls trois membres occupent encore des postes au sein du groupe. Et rien ne garantit qu’Édouard Peugeot reprendra le siège d’administrateur de son père en 2027. Un scénario encore impensable il y a quelques années prend de l’ampleur : Peugeot sans les Peugeot. Une perspective qui s’aligne avec la stratégie de simplification engagée, et qui pourrait aussi résoudre une partie de la décote structurelle du holding, toujours plombé par sa dépendance au secteur auto.