Renault envisage un retournement stratégique majeur. Face à un marché électrique décevant, le constructeur étudie la possibilité de réintroduire des moteurs thermiques (hybrides ou à prolongateur d'autonomie) sur la Mégane et le Scénic, deux modèles pourtant passés au 100 % électrique. Mais attention, ce n’est pas un renoncement à l’électrique, loin de là.
Un marché électrique moins dynamique que prévu
Le plan "Renaulution" de Luca de Meo, qui misait tout sur l'électrique avec des plateformes dédiées, semble rencontrer quelques difficultés. Le marché du véhicule électrique ne progresse pas aussi vite qu'espéré, et le doute s'installe sur le maintien de l'échéance de 2035 pour l'interdiction du thermique en Europe.
Conséquence directe : les ventes des Renault Mégane et Scénic, deux noms historiques basculés en pur électrique, sont en deçà des prévisions. Contrairement à Stellantis, qui a toujours privilégié les plateformes multi-énergies (comme pour la Peugeot 208), Renault se retrouve un peu coincé. Le passage de la Mégane au 100 % électrique a aussi laissé un vide dans la gamme, sans aucune offre thermique sur le segment C.
La R5 restera 100% électrique
Hybride et prolongateur d'autonomie à l'étude
La réflexion est donc activement lancée pour équiper ces deux modèles familiaux de motorisations alternatives. Plusieurs options sont sur la table, allant de l'hybride simple à un prolongateur d'autonomie. Cette dernière technologie, populaire en Chine, consiste à ajouter un petit moteur essence qui agit comme un groupe électrogène pour recharger la batterie et alimenter le moteur électrique sur de longues distances.
Horse, la coentreprise de Renault et Geely dédiée aux moteurs thermiques, vient justement de présenter un moteur de ce type. La décision finale sera formalisée, ou abandonnée, lors de la présentation du nouveau plan stratégique du groupe en mars 2026.
La R5 et la Twingo resteront 100 % électriques
Ce rétropédalage ne concernerait cependant pas toute la gamme. Les petits modèles comme la R5, la future R4 et la Twingo resteront exclusivement électriques. Selon Renault, leur gabarit plus compact ne permet pas d'intégrer un moteur thermique et un réservoir sans dégrader les performances de la version électrique, en particulier en réduisant la place pour la batterie. La marque estime que le duo R5 (électrique) et Clio (thermique) couvre déjà bien ce segment. Pour la Mégane et le Scénic, ce changement pourrait aussi concerner la prochaine génération (attendue vers 2027-2028), via une nouvelle plateforme qui serait conçue dès le départ comme multi-énergie.
La Fiat 500 aussi va revenir en thermique
On en dit quoi ?
C'est un sacré retour à la réalité pour Renault. Après avoir joué les pionniers du tout-électrique sur des plateformes dédiées, le constructeur est rattrapé par le pragmatisme du marché. On voit bien que la stratégie de Stellantis (Peugeot, Fiat), qui a toujours gardé des plateformes multi-énergies, était moins sexy (pour l’électrique en tout cas) mais peut-être plus sûre. Fiat vient d'ailleurs de faire la même chose en remettant un moteur hybride dans sa 500, initialement 100 % électrique. Cette volte-face montre surtout l'incertitude totale qui règne sur l'échéance de 2035. En voulant aller trop vite, Renault s'est peut-être coupé d'une partie de sa clientèle qui n'est tout simplement pas prête à basculer, surtout sur des véhicules familiaux censés avaler des kilomètres, ce qui reste une crainte, pas toujours justifiée, de beaucoup de familles.