L'Union européenne se déchire sur l'interdiction des moteurs thermiques neufs en 2035. Alors que l'Allemagne, sous pression de ses constructeurs, pousse pour annuler la mesure, la France et l'Espagne montent au créneau pour défendre le calendrier. La Commission européenne doit réévaluer le texte dès la fin de cette année.
L'Allemagne met la pression pour un report
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a jeté un pavé dans la mare en s'engageant à tout faire pour lever l'interdiction de 2035. Cette sortie reflète la pression intense des géants automobiles allemands comme Volkswagen ou BMW, qui redoutent un virage vers l'électrique jugé trop brutal. Dans un contexte de marché instable et face à la domination des marques chinoises sur l'électrique, l'industrie allemande craint pour sa survie et plaide pour un assouplissement, voire une suppression pure et simple de l'échéance.
La France et l'Espagne défendent l'objectif "zéro émission"
En réponse directe, Paris et Madrid ont réaffirmé leur soutien à l'objectif. Dans une lettre commune adressée à la Commission européenne, les deux pays insistent sur le fait que la révision de la loi ne doit en aucun cas remettre en cause l'objectif de zéro émission pour 2035. Ils estiment que cette échéance est un repère essentiel qui donne de la visibilité à l'ensemble du secteur automobile pour planifier sa transformation industrielle. Pas question, donc, de rétropédaler sur l'ambition climatique affichée.
La bataille se joue sur les "flexibilités"
Si la France défend l'objectif final, elle se dit ouverte à des flexibilités pour accompagner la mutation, à condition qu'elles profitent à l'industrie européenne. C'est là que réside toute la nuance. Paris pousserait notamment pour des exigences de contenu local, obligeant les véhicules à intégrer un minimum de composants made in UE. Des rapports suggèrent même que la France envisagerait d'autoriser, sous ces conditions, certains hybrides ou véhicules à prolongateur d'autonomie après 2035, même si la position officielle reste centrée sur le zéro émission.
Une révision du texte dès la fin 2025
La pression politique est telle que la Commission européenne a accepté d'accélérer le calendrier. La clause de révision, initialement prévue pour 2026 afin d'évaluer les impacts de la mesure, a été avancée. L'exécutif européen devrait rouvrir le dossier dès la fin de cette année 2025. Les industriels espèrent y glisser leurs demandes : maintien de certaines motorisations hybrides, intégration des carburants de synthèse (une option chère à l'Allemagne) ou, au minimum, des ajustements pour ménager la compétitivité du vieux continent.
On en dit quoi ?
On assiste à un classique jeu de poker à Bruxelles. La France tient officiellement la ligne climatique de 2035, ce qui est bon pour l'image, tout en préparant ses arrières pour protéger son industrie et ses sous-traitants via des flexibilités. L'Allemagne, plus directe, joue la carte de la survie de son industrie. L'avancement de la clause de révision montre que personne n'est vraiment serein. La vraie question est de savoir si ces flexibilités sont un simple ajustement technique ou le premier pas vers un détricotage en règle d'un objectif jugé intenable, par une industrie en crise profonde face à la vague chinoise.