Les finances publiques accusent le coup. Les recettes des radars automatiques ont chuté de 76 millions d'euros en 2024. En cause, la vague de dégradations lors des mouvements sociaux, qui a mis hors service près d'un radar sur cinq. Le manque à gagner est net, même si le montant total collecté reste colossal.
Un manque à gagner de 76 millions
L'addition est présentée dans une annexe du projet de loi de finances pour 2026 : les radars automatiques ont rapporté 889 millions d'euros en 2024, contre 965 millions en 2023. Cela représente une baisse d'environ 8 %, soit un manque à gagner de 76 millions d'euros pour l'État. Malgré cette baisse notable, les 4 068 appareils répartis sur le territoire ont tout de même permis de dresser plus de 13 millions de contraventions l'an dernier.
Près d'un radar sur cinq hors service
Cette baisse de revenus n'est pas due à une soudaine vague de prudence chez les automobilistes, mais bien à l'état du parc. Le taux de radars en état de fonctionnement a chuté, passant de 88 % en 2023 à seulement 81 % en 2024. Cette chute s'explique par les nombreuses dégradations (appareils sciés, bâchés ou carbonisés) survenues lors des récentes mobilisations sociales, notamment celles des agriculteurs qui en avaient fait une cible symbolique.
Des réparations au coût exorbitant
Ces destructions ont un coût direct et élevé. Si le remplacement d'une vitre cassée est facturé 500 euros, le remplacement intégral d'un radar détruit peut grimper jusqu'à 200 000 euros. Ironiquement, la maintenance et le déploiement de ces appareils sont en grande partie financés par l'argent des amendes qu'ils génèrent. Pour rappel, la destruction d'un radar est un délit passible de 75 000 euros d'amende et 5 ans de prison, peines pouvant atteindre 100 000 euros et 7 ans si l'acte est commis en groupe ou par un individu masqué.
On en dit quoi ?
Il ne faut pas se méprendre : l'État n'est pas à plaindre. Perdre 76 millions d'euros est certes contrariant pour Bercy, mais collecter 889 millions d'euros (qui représentent environ 43-45 % du total des amendes routières) reste une excellente opération. Cette vague de dégradations n'est qu'un contretemps coûteux. Les autorités préparent déjà la suite, avec le déploiement de nouveaux radars dopés à l'IA, capables de détecter l'usage du téléphone ou le non-port de la ceinture. Si la Sécurité Routière justifie cet arsenal par la baisse de la mortalité routière (divisée par deux depuis 2003), la France reste pourtant moins équipée que l'Allemagne ou l'Italie et ses 14 000 radars. La surveillance ne fait que commencer.