Le projet de robotaxi 100% autonome de Tesla prend un peu d’eau. Robyn Denholm, présidente du conseil d'administration, a admis que le Cybercab pourrait finalement être équipé d'un volant et de pédales pour voir le jour. Un rétropédalage forcé qui contredit la vision d'Elon Musk et met en lumière les obstacles technologiques et réglementaires.
La vision "pure" de Musk face au mur de la réalité
Lors de la présentation du Cybercab, Elon Musk avait été catégorique : Pas de rétroviseurs, pas de pédales, pas de volant. Il insistait sur le fait que le véhicule devait être conçu comme un robotaxi propre et que Tesla était all in on autonomy. Cette vision était si centrale que Tesla aurait annulé le développement d'autres véhicules électriques abordables pour se concentrer sur cet objectif. Le futur de Tesla ne devait plus passer par la vente de voitures à des humains, mais par une flotte de taxis autonomes. Sauf que, près d'un an plus tard, cette vision se heurte au principe de réalité.
Un rétropédalage signé Robyn Denholm
C'est la présidente de Tesla, Robyn Denholm, qui a vendu la mèche lors d'une interview avec Bloomberg. Si nous devons avoir un volant, il peut avoir un volant et des pédales, a-t-elle déclaré. Si elle laisse entendre que la contrainte viendrait des régulateurs, c'est oublier l'obstacle principal : la technologie Tesla n'est pas prête. Le "Full Self-Driving" est toujours en version "Supervised", et les services de robotaxi actuels de la marque utilisent toujours des chauffeurs de sécurité. L'autonomie complète non supervisée, promise depuis des années par Musk, n'est tout simplement pas encore là.
Le piège réglementaire et le fantôme de la "Model 2"
Même si la technologie était mature, Tesla ferait face à un casse-tête réglementaire. Les normes fédérales américaines exigent des commandes manuelles. Il existe bien une exemption, mais elle est limitée à 2 500 véhicules par an et par fabricant, un volume ridicule pour un véhicule censé assurer la "principale croissance de production" de Tesla. General Motors s'y est cassé les dents avec son Cruise Origin, un projet similaire sans volant qui a été abandonné après des années d'attente d'une autorisation. Denholm a d'ailleurs clarifié que le Cybercab est le véhicule abordable promis (la fameuse Model 2).
On en dit quoi ?
En annulant sa voiture abordable classique pour tout miser sur le Cybercab autonome, Musk a pris un pari à haut risque. Aujourd'hui, Tesla se retrouve contraint de faire marche arrière et de fusionner les deux concepts. Le résultat ? Un produit qui s'annonce bancal. Le Cybercab est un biplace. S'il nécessite un conducteur, il ne pourra transporter qu'un seul passager, ce qui est économiquement absurde pour un service de taxi. Ce n'est pas non plus une voiture de loisir, Musk ayant précisé qu'elle était optimisée pour un trajet doux. Tesla se prépare donc à lancer un véhicule de masse qui n'est ni le robotaxi révolutionnaire promis, ni la Model 2 pratique que le marché attendait.