Une Tesla 100% autonome dans les rues de Marseille en 2025 ? La promesse est folle et pourtant, nous avons pu tester le FSD du constructeur jusqu'au Vieux Port sans intervention humaine !
Zone industrielle, ronds-points, autoroute, autopont, tunnel sous la mer et circulation en plein coeur de la ville... L'expérience est tout simplement bluffante comme vous pouvez le voir à l'image. Retour sur ce reportage qui est tout simplement une première en Europe et qui fera date dans l'histoire de la conduite 100% autonome.
Le FSD Tesla, c'est quoi ?
Le Full Self-Driving (FSD) de Tesla est l’un des projets technologiques les plus ambitieux de l’entreprise. Son histoire commence en 2016, lorsque Tesla annonce que tous ses véhicules produits à partir d’octobre seront équipés du matériel nécessaire pour atteindre un jour la conduite entièrement autonome. À l’époque, le système repose sur un réseau de caméras, de capteurs ultrason et d’un radar frontal.
En 2019, Tesla introduit le FSD Computer (ou Hardware 3), une puce développée en interne permettant d’exécuter des réseaux neuronaux plus complexes. Cette étape marque un changement majeur : Tesla souhaite se passer du lidar et miser entièrement sur la vision, convaincue que c'est la meilleure voie vers une autonomie de niveau humain.
L’évolution la plus importante arrive en 2020–2021 avec le lancement de FSD Beta, un programme limité destiné aux conducteurs triés sur le volet. Pour la première fois, les Tesla peuvent gérer de manière autonome la conduite en ville, incluant les intersections, les ronds-points et les changements de voie. Le système reste supervisé : le conducteur doit garder les mains sur le volant et être prêt à reprendre le contrôle.
En 2023, Tesla dévoile une nouvelle version, souvent appelée FSD v12, entièrement basée sur un réseau neuronal de bout en bout. Au lieu de suivre des règles programmées, la voiture apprend à imiter la conduite humaine à partir de millions de vidéos annotées.
En 2025, le FSD continue de s’améliorer via les mises à jour OTA. Il offre une conduite de plus en plus fluide et naturelle, même si la certification pour une autonomie totale n’est pas encore obtenue dans la plupart des pays. Tesla poursuit son objectif : transformer ses véhicules en véritables chauffeurs virtuels, capables de circuler partout sans intervention humaine.
Une Tesla comme les autres
Le rendez-vous était pris ce jeudi 4 décembre 2025 au Centre Tesla de Marseille (aux Pennes-Mirabeau), où tout un chacun pouvait programmer une session FSD durant 1H environ.
Rien n'était prévu à l'avance, on pouvait demander à notre encadrant le point de chute souhaité. A moins de 20 minutes, le Vieux Port paraissait donc comme le candidat idéal pour un test complet (zone industrielle, autoroute et bien-sûr, le centre-ville !), et Tesla a gentiment accepté notre proposition.
Notre véhicule était une Model 3 de dernière génération, une voiture en vente depuis 2 ans et sans hardware spécifique. En revanche, le logiciel était évidemment un peu spécial, car il embarquait une version du FSD encore indisponible en Europe -le système était d'ailleurs en anglais.
Tout comme Apple, Tesla mise sur la simplicité d'usage, il suffit d'appuyer sur un bouton et le FSD s'enclenche. Evidemment, on peut tout de même régler quelques paramètres, comme la tolérance sur la vitesse, la vue 3D étendue, ou encore le niveau d'alerte (radar, obstacles etc.)
Notre expérience à Marseille
1 - Les ronds-points
Le trajet a donc commencé par une série de ronds-points, une spécificité européenne présentée autrefois comme l'ennemi juré des voitures autonomes.
Pourtant ici, notre Tesla n'a eu aucune hésitation : la voiture s'élance au bon moment malgré le trafic assez dense, prend les trajectoires les plus courantes et pense même au clignotant -y compris en sortie.
Lorsqu'elle sort en face ou à droite, on pourrait lui reprocher de ne pas assez prendre les extérieurs, comme on nous l'apprend en auto-école, mais la voiture suit en réalité les trajets déjà enregistrés, ce qui lui permet de se comporter comme un humain et d'éviter de sur-respecter le code de la route.
2 - L'autoroute
La suite du trajet passe par l'autoroute, un cas d'usage que l'on connait déjà avec l'Autopilot classique, même s'il faut ici s'insérer correctement. La Tesla accélère rapidement, afin de se mettre à une vitesse proche de la circulation sans traîner.
Elle prend ensuite l'initiative de doubler si elle juge la vitesse du véhicule qui nous précède, trop juste. Malgré un passage de 130 à 110 puis à 90, elle a bien respecté les limitations de vitesse. Ironiquement, l'adaptation de la vitesse sur autoroute avec les Tesla actuelles (Autopilot classique) ne fonctionne pas correctement...
Fait amusant, à l'approche d'un radar, elle a tendance à freiner... comme le font la plupart des gens. Vous restez libres de lui donner un coup d'accélérateur, mais c'est là que l'on se rend compte qu'elle ne se contente pas de suivre les limitations comme un vulgaire robot sans IA : elle reprend nos comportements presque à l'identique.
A l'approche de Marseille, l'autoroute se termine par un autopont assez étroit, avec beaucoup de circulation. Puisqu'elle connait parfaitement les distances et les dimensions, elle n'hésite pas à frôler la barrière pour éviter de mordre sur la voie de gauche, comme le font souvent les automobilistes dans ce coin là.
3 - Le tunnel
A Marseille, les tunnels sont rapides, et les gens se doublent de tous les côtés, notamment car les voies d'insertion et les sorties se suivent très rapidement.
Malgré une limitation à 50, la voiture prend la décision de rouler un peu plus vite (autour de 60) car elle se cale sur le flux de véhicules. Là encore, vous pouvez freiner ou demander à ce qu'elle soit plus conservatrice sur les vitesses, mais cela permet d'éviter de rouler trop lentement par rapport à la circulation.
Mieux encore, elle va se décaler légèrement pour laisser passer les motos qui font de l'inter-file ! Dans les grandes villes, ce genre de comportement est courant pour les locaux, un peu moins pour les touristes... ou les voitures en conduite semi-autonome.
4 - La ville
Même si la vitesse est réduite, les centre-villes sont souvent les plus complexes à appréhender pour un véhicule autonome.
Ça n'a pas manqué dès notre arrivée, où des piétons ont grillé un feu rouge... et la Tesla les a gentiment laissés passer. Elle a même anticipé l'arrivée d'un passant sur la route, quitte à ralentir au milieu de la voie. On pourra regretter qu'elle ne prenne pas l'initiative de klaxonner quand les gens abusent un peu sur les priorités...
C'est toujours impressionnant de la voir frôler les véhicules stationnés, même lorsqu'un autre, arrivant en sens inverse, se déporte légèrement vers le centre de la voie : la Tesla sait qu'elle a la place de passer et continue sa course, à des moments où j'aurais sans doute ralenti.
Les feux sont toujours un moment délicat à Marseille, car certains essaient de vous doubler au démarrage, surtout avant un rétrécissement. La Tesla sait donc forcer un peu le passage, tout en restant prévenant avec les usagers plus téméraires.
Au moment de passer au vert, une patrouille de gendarmerie nous a doublés sur la droite, et la voiture a attendu de les laisser passer, avant de reprendre sa route. Elle les avait déjà détectés dans le rétroviseur, alors qu'un humain n'anticipera pas toujours ce genre de comportement (on regarde le feu, pas toujours les rétros).
Autre épisode plus délicat cette fois, un camion citerne était arrêté sur une voie unique : la voiture a donc pris la décision de la doubler, malgré les bandes blanches. Cela reste légal dans ce genre de situations. Le robot peut donc appréhender une situation exceptionnelle sans le moindre doute et prendre la bonne décision.
Seule petite erreur d'appréciation de la voiture, elle a pris par mégarde une voie bus, donc la signalétique n'était pas toujours très claire. La voie classique se déportait sur la droite, façon dépose minute, laissant penser que la route continuait à gauche. En réalité, il s'agissait d'un passage pour les bus et les taxis... mais nous avons du re-visionner les images pour nous en rendre compte.
Ces derniers jours, vous avez pu voir tourner des vidéos du FSD dans Paris, et de nombreux centres européens (notamment en Allemagne) sans qu'aucun incident majeur n'ait eu lieu. Pouvoir se balader dans Marseille sans intervention du conducteur aurait été difficilement imaginable ne serait-ce que 5 ans en arrière.
Cette façon de proposer une expérience de conduite 100% autonome au grand public est aussi pour Tesla un moyen de mettre la pression sur la réglementation européenne : quoi de mieux que d'inonder les réseaux sociaux d'exemples et de cas d'usages... qui fonctionnent parfaitement ?
Reste évidemment, la question de la pérennité des services de Taxi/VTC et de l'emploi qui en découle, de la même façon que l'IA commence à sérieusement remplacer d'autres activités humaines autrefois qualifiées d'intelligentes. Mais ces flottes de véhicules sans conducteurs vont aussi permettre à des personnes âgées d'aller chez le médecin, de se faire déposer en ville (la voiture ira se garer toute seule) ou encore de (pourquoi pas) chercher les enfants à l'école, sans devoir quitter son travail.