Depuis l’avènement de ChatGPT en 2022, les intelligences artificielles génératives ont proliféré. Mais si elles ont toutes plus ou moins le même but, qu'en est-il de leur nom ? En effet, Grok, Claude, Gemini, ChatGPT, ces noms ne sont pas pris au hasard et sont révélateurs des ambitions des entreprises qui les conçoivent.
On peut finalement considérer ChatGPT, comme le précurseur des IA génératives, le modèle qui a lancé cette course effrénée à l’IA générative. Etant le premier, il fallait bien que son nom parle pour lui même !
D'un côté, Chat pour mettre l’accent sur l’interaction directe avec l’utilisateur, et de l'autre, GPT (Generative Pre-trained Transformer) pour rappeler le modèle linguistique complexe et puissant sur lequel repose l’outil. Ce nom -simple et technique à la fois- a contribué à faire de ChatGPT, une référence -si ce n'est LA référence- dans le domaine.
Chez Google, c'est plus compliqué. Souvenez avant Gemini, il y a eu Bard ! Lancé en catastrophe pour rattraper le retard face à OpenAI, la première version proposée par Google n'était pas une réussite, elle s'est même plantée en beauté lors de son lancement -ce qui a permis de faire plein de jeux de mots avec son nom.
Dans ces conditions, la firme a rebaptisé la dernière génération de modèles IA -Gemini-, puisant dans l’astronomie et l’histoire. En effet, le programme Gemini était une mission spatiale clé dans les années 1960, servant de tremplin pour le célèbre programme Apollo qui a conduit l’Homme sur la Lune. Ce second nom lui a d'ailleurs porté plus de change que le premier !
Le message derrière ce nom ? Google ambitionne de propulser l’IA vers de nouveaux sommets, ouvrir de nouvelles frontières, révolutionner le secteur à l'image de la mission éponyme. Cosmique, donc !
Elon Musk, fidèle à son goût pour la science-fiction et les références geek, a baptisé son IA, Grok -un terme tiré du roman Stranger in a Strange Land de Robert A. Heinlein. Dans ce livre culte, grok signifie comprendre quelque chose avec une telle intensité et une telle profondeur que l'on en devient une partie.
Le choix n’est pas anodin : le milliardaire estime que son IA ne se contente pas d’analyser des données, mais qu’elle les absorbe dans une sorte de fusion intellectuelle -le tout à sa manière et avec un humour noir. Ce nom renforce aussi l’image d’une IA provocante et hors des sentiers battus, à l’image du milliardaire lui-même. On n'est plus à un acte d'égocentrisme près pour lui qui n’hésite pas à affirmer que Grok 3 est l’IA la plus intelligente au monde.
De son côté, Anthropic a surpris en nommant son chatbot Claude. Pourquoi un prénom aussi classique ? Il rend hommage à Claude Shannon, le père de la théorie de l’information, un pilier des sciences informatiques modernes.
Mais ce choix a aussi une portée symbolique : un prénom humain donne une personnalité plus chaleureuse et accessible à l’IA, contrastant avec les noms froids et techniques qu’on pourrait attendre dans ce domaine. En optant pour “Claude”, Anthropic semble vouloir renforcer l’idée d’une technologie proche des utilisateurs, presque familière.
Comme on a pu le voir au sommet de l'IA, les firmes françaises ne sont pas à la ramasse. Ainsi Mistral AI, une startup de chez nous, a développé un assistant conversationnel multilingue nommé Le Chat. Avec ce double sens, ce nom -en français s'il vous plait- reflète l’origine française de l’entreprise et vise à offrir une alternative européenne aux assistants virtuels dominants tels que ChatGPT.
Open Source, Le Chat est conçu pour être un assistant personnel polyvalent, capable d’aider les utilisateurs dans diverses tâches professionnelles et quotidiennes. Il est accessible via une application mobile, permettant aux utilisateurs d’interagir avec l’IA de manière fluide et intuitive.
Le nom DeepSeek correspond tout simplement à la traduction anglaise du nom chinois de l’entreprise, 深度求索, qui signifie littéralement recherche approfondie. Ce choix reflète l’engagement de la société dans l’exploration et le développement avancés en intelligence artificielle.
Rappelons que la startup aurait été fondée en mai 2023 à Hangzhou, en Chine, par Liang Wenfeng, également cofondateur du fonds spéculatif High-Flyer, et ce, dans un laboratoire universitaire pour quelques millions de dollars -une différence colossale par rapport aux investissements officiels d'OpenAI.
DeepSeek se consacre à la création de modèles de langage open source performants. Son modèle phare, DeepSeek-R1, lancé en janvier 2025, a démontré des capacités comparables à celles des leaders du secteur, tout en étant développé avec des ressources plus modestes.
Derrière chaque nom d’IA, on trouve finalement une stratégie assez claire avec des points communs : il s'agit de se démarquer dans un marché devenu ultra-compétitif, mais aussi d'humaniser la technologie pour créer une sorte de connexion -de rapprochement- avec les utilisateurs. Souvent au travers une utilisation censée aider aux besoins quotidiens (mais comment faisait-on avant ?).
En même temps, les firmes doivent aussi jouer sur le terrain marketing et communication, en projetant une image forte qui aligne les ambitions de l’entreprise avec le potentiel perçu de l’IA.
