C'est une annonce qui pourrait rebattre les cartes sur le marché ultra-stratégique des puces pour l'intelligence artificielle. OpenAI, le créateur de ChatGPT, a conclu un accord avec le géant des semi-conducteurs Broadcom pour développer ses propres puces d'IA sur mesure.
Une commande à 10 milliards de dollars
L'information, d'abord révélée par le Financial Times, a été indirectement confirmée par Broadcom. Lors de la présentation de ses résultats la semaine dernière, le PDG de l'entreprise, Hock Tan, a annoncé avoir signé une commande unique de 10 milliards de dollars avec un quatrième "grand développeur d'IA", sans le nommer. Il est désormais quasi certain que ce nouveau client est OpenAI.
Cette collaboration, qui dure depuis plus d'un an, devrait aboutir à la production en masse des premières puces "maison" d'OpenAI dès l'année prochaine.
Réduire la dépendance à Nvidia
Pour OpenAI, l'objectif de cette manœuvre est double. D'abord, il s'agit de réduire sa dépendance écrasante envers Nvidia. Aujourd'hui, la quasi-totalité des modèles d'IA, y compris ChatGPT, sont entraînés sur les très convoités et très chers GPU de Nvidia.
Ensuite, il s'agit de résoudre un problème de pénurie. Sam Altman, le PDG d'OpenAI, se plaint depuis des mois que le manque de GPU disponibles ralentit le développement et le déploiement de ses nouveaux modèles. En créant ses propres puces (des "XPU" conçus spécifiquement pour ses besoins), OpenAI espère sécuriser sa chaîne d'approvisionnement et accélérer ses recherches.
Une tendance de fond chez les géants de la tech
OpenAI ne fait que suivre une tendance initiée par ses grands rivaux. Google, avec ses puces "Tensor Processing Unit", et Amazon, avec ses puces "Trainium" et "Inferentia", ont déjà développé depuis des années leurs propres semi-conducteurs pour optimiser leurs services d'IA et réduire leurs coûts.
On en dit quoi ?
C'est un mouvement stratégique majeur et inévitable pour OpenAI. Pour rester dans la course face à des concurrents comme Google, qui maîtrisent à la fois le logiciel et le matériel, l'entreprise de Sam Altman est obligée de "descendre" dans la chaîne de valeur et de s'attaquer au silicium.
Cette décision est une mauvaise nouvelle pour Nvidia, qui voit l'un de ses plus gros clients chercher à s'émanciper. C'est en revanche une excellente nouvelle pour Broadcom, qui se positionne comme le partenaire de choix pour les géants de la tech qui veulent créer leurs propres puces sur mesure. La guerre de l'IA ne se joue pas seulement sur les algorithmes, mais aussi, et surtout, sur le matériel. Et vous, vous pensez que cette course aux puces "maison" est une bonne chose pour l'innovation ?