Les fabricants d'écrans se rendent-ils enfin compte qu'il y a un marché pour les dalles 5K ? Samsung l'a bien compris avec son ViewFinity S9 que l'on a testé à sa sortie en 2023.
En 2025, c'est au tour de ViewSonic de lui emboiter le pas avec le ColorPro VP2788-5K, que l'on a pu essayer pendant quelques semaines durant l'été, l'écran ayant tourné entre nos différents monteurs vidéo et journalistes, avec des usages suffisamment variés pour permettent de faire le tour de la question. Mais avec un prix voisin du modèle ViewFinity S9 de Samsung, vaut-il vraiment le coup ? Réponse dans ce petit test !
Le plastique c'est fantastique
Esthétiquement, on ne peut pas dire que ViewSonic ait fait beaucoup d'efforts pour coller avec l'univers Apple, pourtant très friand de dalles 5K au look épuré.
Pas de trace d'aluminium comme chez Samsung, notre modèle ressemble à n'importe quel écran PC de la marque, même si un petit travail a été réalisé sur la coque arrière, qui laisse place à un matériaux plus clair et plus lisse, tout le contraire du pied très granuleux et beaucoup plus bas de gamme, que l'on retrouve d'ailleurs sur les bords de la face avant.
Malgré ces considérations esthétiques, le design ne se limite pas au look et l'on se réjouira de voir un pied réglable en hauteur en standard jusqu’à 120 mm (coucou Apple), on peut aussi ajuster l'inclinaison (de -5° à +22°, ), la rotation horizontale de ±30°, et même faire pivoter l'écran à la verticale, un mode de travail encore plébiscité dans certains domaines, comme l'édition. Rappelons qu'Apple ne propose pas la moitié de ces fonctions alors que le prix du pied (seul) est souvent qualifié d'indécent !
Autre avantage du plastique, l'ensemble ne pèse que 6,4Kg, soit un petit kilo de moins que chez Samsung et Apple.
On notera enfin que l'écran ne propose pas de webcam intégrée, contrairement à ses concurrents, alors que les visios sont devenues assez courantes avec le télétravail.
Une belle connectique
L'avantage des écrans issus du monde PC, c'est la richesse de la connectique, et notamment des entrées.
Déjà, le Mac est gâté avec deux ports Thunderbolt 4, dont un capable de fournir une alimentation jusqu’à 100 W. Idéal avec un MacBook Pro, mais aussi un Mac mini, la fonction Daisy Chain (via le Thunderbolt 4) permet de chaîner deux écrans 5K, à condition que l’ordinateur hôte en soit capable -mais c'est le cas sur la plupart des Mac. Nous avons pu brancher le Studio Display directement sur le ViewSonic et tout a fonctionné correctement mais il faut bien avoir des câbles Thunderbolt (ça ne marchera pas en USB C)
On trouve aussi derrière le moniteur :
• un port HDMI 2.1, • un DisplayPort 1.4, • deux ports USB-A 3.2 Gen2 x 2 (limités à 10Gbps sur Mac) • et deux ports USB-C 3.2 Gen2 x 2 en partie basse (jusqu’à 15 W)
On peut donc s'en servir de véritable petit dock USB, et aussi y brancher une console ou un vidéo-projecteur.
La présence de ports USB A manquait chez Samsung, on a encore quelques clefs USB et souris à ce format à la rédac'. L'autre avantage du Thunderbolt est de pouvoir brancher des SSD USB C ou Thunderbolt sans perte de débit et sans monopoliser un port du Mac.
Le moniteur intègre également deux haut-parleurs de 5 W, dont la qualité est évidemment médiocre, mais ça peut dépanner.
5K mat mais sans "ProMotion"
Le ViewSonic ColorPro VP2788-5K propose une résolution native de 5120 x 2880 soit 14,7 millions de pixels, ce qui nous fait tout de même 77 % de points en plus qu'en 4K. La résolution est donc identique aux modèles d'Apple ou de Samsung.
La dalle étant de 27", on retrouve donc une densité de pixels assez Retina à 218ppp, là encore, comme ses concurrents. Libre à vous de préféré afficher plus d'espace à l'écran, quitte à sacrifier un peu la qualité d'image.
Le rendu mat est assez réussi et limite les reflets si vous travaillez près d'une fenêtre, mais je ne suis pas très fan de ce rendu un peu granuleux, qu'on ressent aussi lorsqu'on touche la dalle. Apple utilise du verre, bien plus premium (mais brillant) tandis que Samsung a un revêtement un peu entre-deux, moins rugueux que chez ViewSonic.
La luminosité est de 500 cd/m² (et maximum HDR400), ce qui se révèle un peu faiblard face à Apple (600) et Samsung (600 également). C'est sans doute ce qui a le plus gêné nos monteurs, qui avaient l'impression d'avoir un écran plus sombre à côté du Studio Display. 600 nits, c'est un peu le standard chez Apple, sachant que les modèles haut de gamme (comme le Pro Display XDR) culminent à 1000 nits et même 1600 nits en pointe, le minimum acceptable pour faire du montage avec du vrai HDR.
Difficile aussi d'apprécier le bon taux de contraste à 2000:1 contre 1000:1 chez Apple/Samsung, la différence n'était pas criante entre les différentes dalles.
Les réglages se font via un petit menu classique, qui apparait grâce à une pression sous l'écran. Naviguer dans les menus est assez simple même si c'est moins confortable qu'avec un pilote logiciel, surtout pour basculer sur les profils.
D'ailleurs, la calibration est correcte comparativement au modèle d'Apple, qui fait souvent figure de référence en sortie d'usine. Pour le montage, on travaille beaucoup en Rec709, le profil étant directement intégré dans les pré-réglages de l'écran, c'était assez conforme à nos attente. Nous n'avions pas de sonde pour le recalibrer, mais il est évidemment possible de le faire après achat. A noter que des profils sRGB, DCI-P3 ou Rec.709 sont accessibles directement dans le menu OSD. ViewSonic garantit 99% du DCI-P3, 100% du sRGB et un Delta E <2, ce qui le place dans le haut du panier en matière de colorimétrie.
Face à Samsung et Apple, ce modèle offre un atout intéressant : la fréquence d'affichage grimpe à 75Hz contre 60Hz pour les deux autres. On est encore loin du ProMotion (120Hz) des MacBook Pro, mais la sensation d'une plus grande fluidité dans les interfaces ou les jeux (on ne se moque pas) est bien présente.
Pour ceux qui sont sensibles à la lumière bleu, un système de réduction directement intégré au moniteur peut être configuré dans les réglages. C'est un peu rébarbatif si vous devez le changer souvent, autant utiliser les réglages de macOS.
Enfin, ViewSonic intègre une petite LED qui éclaire le dessous de l'écran mais qui peut être désactivée, et sur laquelle on peut aussi changer la température des couleurs pour permettre d'harmoniser parfaitement vos travaux d'impression et vos travaux numériques. On peut alors basculer entre D65 pour la lumière du jour et D50 pour un éclairage intérieur plus chaud, l'idée étant d'avoir une sorte de petite torche à température constante. En pratique, vous pouvez effectivement vous en servir de lampe pour visualiser une impression plus finement, mais elle a aussi le même effet que les ScreenBar de BenQ qui vont permettre d'éclairer autour de l'écran et de diminuer la fatigue oculaire. Il faut le tester pour le croire, mais ça marche !
Bilan : encore un peu cher ?
Proposé autour de 1100/1200€ chez les revendeurs, voilà qui reste moitié moins cher qu'un Studio Display d'Apple, avec le pied réglable en hauteur et l'option nano-texturée. Soyons justes, c'est surtout le moniteur de Cupertino qui abuse sur les tarifs !
Reste que ce modèle de ViewSonic a du mal à nous convaincre à côté du ViewFinity S9 de Samsung, que l'on déniche maintenant autour de 1000€. Meilleur sur bien des points et bien mieux fini, il date pourtant de 2023 !
Samsung propose en effet une webcam intégrée, une meilleure luminosité et un petit OS autonome qui permet de se servir de l'écran sans ordinateur, un double-usage qui peut avoir un intérêt ponctuellement pour regarder des films ou surfer sur le web.
ViewSonic garde un avantage sur la connectique (2 prises Thunderbolt et de l'USB A), le taux de contrastes et sur la fréquence d'affichage, mais est-ce vraiment suffisant pour se démarquer de la concurrence en 2025 ?
Enfin une dalle 5K chez ViewSonic ! Le ColorPro VP2788-5K offre un moniteur équilibré, adapté aux travaux graphiques, mais sans réelle plus-value face à Apple ou Samsung, sauf à considérer la connectique. Avec 2 ports Thunderbolt, de l'USB A, et le chaînage de 2 moniteurs, il éviter de multiplier les docks. L'absence de webcam est aussi dommage, mais la petite LED située sous l'écran fait office de "ScreenBar" finalement assez efficace. Pour le tarif et vu le peux d'effort sur le look, notre choix reste malgré tout en faveur du S9 de Samsung.