Depuis trois ans, l’affaire Ultia montre les dérives et la violence du cyberharcèlement, avec un procès qui relance le débat sur la responsabilité des utilisateurs en ligne. Ce cas met aussi en lumière les failles béantes des plateformes numériques face à ce fléau.
Une streameuse ciblée après une prise de position
Ultia, alias Carla G., est une streameuse française active sur Twitch, suivie par plus de 280 000 personnes. En novembre 2021, lors du Z Event, elle dénonce en direct des propos sexistes tenus par un autre participant. Une prise de parole qui déclenche une vague massive de haine en ligne : insultes, menaces de mort et de viol, et une stigmatisation qui perdure encore dans le temps, encore aujourd’hui. Depuis, la streameuse subit un harcèlement quotidien qui a de lourdes conséquences sur sa santé mentale et sa carrière.
Le procès des harceleurs
La semaine dernière, quatre hommes âgés de 20 à 40 ans ont comparu devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont accusés d’avoir envoyé des messages haineux et des menaces à la streameuse. Durant l’audience, ils admettent leur implication, certains expliquant avoir agi sous l’influence d’un effet de groupe ou d’autres créateurs de contenu.
Le procureur requiert des peines de prison avec sursis probatoire, une interdiction de contact avec la victime pendant cinq ans, et l’obligation de suivre un stage de sensibilisation à l’usage des réseaux sociaux. La décision du tribunal sera rendue le 12 février 2025. On suivra ce verdict avec intérêt.
Photo : Mediapart
Des conséquences lourdes pour Ultia
Durant l’audience, Ultia a témoigné de l’impact du harcèlement sur sa vie. Diagnostiquée avec un stress post-traumatique, elle évoque son épuisement face à une exposition médiatique constante et aux attaques répétées. Sa carrière en ligne a également été affectée, certains la qualifiant injustement de militante féministe à cause de ses prises de position, ce qui n’a clairement aucun sens, puisqu’elle ne fait que dénoncer des violences psychologiques, rien de plus. Elle continue aujourd’hui de plaider, à raison, pour des sanctions plus strictes contre les comportements haineux en ligne.
Ce procès soulève aussi des questions importantes sur le rôle des plateformes numériques dans la modération des contenus. L’avocate d’Ultia appelle à des sanctions exemplaires pour dissuader ce type de comportements. Elle plaide aussi pour limiter l’anonymat en ligne, souvent pointé du doigt comme un facteur aggravant du cyberharcèlement. Un débat qui revient souvent sur le devant de la scène, mais qui mérite d’être posé.
Une affaire qui dépasse le cas personnel
Si l’affaire Ultia attire l’attention, c’est qu’elle symbolise un problème bien plus vaste : la banalisation de la haine sur Internet. Les lois, bien qu’existantes, peinent encore à freiner ces dérives, et beaucoup se sentent libres d’être violent et parfois menaçants, sans craindre, jamais, d’être inquiété par la justice. C’est un problème.
Un verdict attendu en février permettra peut-être de donner un signal clair sur la responsabilité des harceleurs, mais aussi de rappeler l’urgence d’un meilleur encadrement des dérives sur les plateformes numériques.