L’Union européenne durcit le ton contre les géants de la tech. Dans le cadre de la loi sur les marchés numériques (DMA), elle mène des enquêtes sur Apple, Meta et X pour déterminer si ces entreprises respectent bien les nouvelles régulations. Selon Teresa Ribera, responsable de la concurrence de l’UE, pas question de faire preuve de relâchement ou de céder face à la pression des USA : des décisions pourraient être annoncées dès mars 2025.
Depuis des années, l'’UE cherche à garantir un marché numérique plus équitable en limitant les pratiques anticoncurrentielles des grandes plateformes. Pendant un temps elle avait certes temporisé face à l’incertitude liée à la mise en place de l’administration Trump, mais elle semble désormais déterminée à avancer sans tenir compte des tensions géopolitiques.
Nous devons nous en tenir à nos principes. Nous ne négocierons pas sur la démocratie, l’unité de l’Europe ou les droits de l’homme, a déclaré Teresa Ribera à Reuters, précisant que l’UE ne céderait pas aux pressions américaines. De son côté, Donald Trump ne se gène pas pour critiquer ouvertement les régulations européennes, estimant qu’elles imposent des taxes déguisées aux entreprises américaines. Même topo pour J.D. Vance lors du Sommet de l'IA à Paris.
Pour ce dernier , le message est clair et a jeté un certain froid : Les États-Unis sont les leaders dans l’IA, et notre administration est déterminée à maintenir cette position. Le vice-président américain a défendu la position de Washington en mettant en garde contre une régulation excessive de l’IA, qui selon lui pourrait freiner l’innovation et affaiblir l’industrie américaine.
Nous invitons vos pays à travailler avec nous et à suivre notre modèle. Cependant, l'administration Trump est troublée par le fait que certains gouvernements étrangers semblent vouloir serrer la vis contre les grandes entreprises technologiques américaines. L'Amérique n'accepte pas et n'acceptera pas cela.
Apple, dans le viseur de la commission européenne
Apple est particulièrement concernée par ces enquêtes. Elle est en effet accusée de ne pas respecter plusieurs règles de la DMA, notamment les restrictions sur l’App Store (l’UE reproche à Apple d’empêcher les développeurs d’orienter les utilisateurs vers des systèmes de paiement tiers), le blocage des navigateurs tiers (avec iOS 17) et enfin la nouvelle structure tarifaire qui est contestée. Pour ce dernier point, rappelons qu'Apple a mis en place des frais pour les magasins d’applications tiers, ce que certains acteurs de l’industrie jugent anticoncurrentiel.
Face à ces accusations, Apple a apporté plusieurs modifications. Par exemple, elle a facilité le choix des applications par défaut sur iOS en août 2024. Cependant, ses efforts sont jugés insuffisants par certains, notamment Epic Games, qui qualifie ces concessions de farce. En mars 2024, Apple avait déjà écopé d’une amende de 2 milliards de dollars pour pratiques anticoncurrentielles liées à Apple Music, malgré la position non dominante de son service de streaming.
X et Meta également sous surveillance
L’UE ne cible pas uniquement Apple. Meta est également dans le collimateur pour ses pratiques en matière de concurrence, tandis que X est surveillée pour la gestion du contenu illégal sur sa plateforme. Malgré les liens d’Elon Musk avec l’administration Trump, l’UE assure que cela n’influencera pas son verdict.
L’année dernière, l’UE avait déjà infligé des sanctions majeures aux géants de la tech. Elle avait notamment imposé à Apple le passage au port USB-C sur l’iPhone 15 pour limiter l’usage de chargeurs propriétaires. Apple s’était conformée à cette directive, non sans exprimer ouvertement ses réticences.
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Un verdict attendu avec impatience
Les conclusions des enquêtes de l’UE seront cruciales pour l’avenir des grandes entreprises technologiques en Europe. Si Apple, Meta et X sont reconnues coupables de violations de la DMA, elles pourraient faire face à de lourdes amendes et à des changements structurels imposés. Le bras de fer entre l’Union européenne et la Silicon Valley est loin d’être terminé, et les mois à venir pourraient redéfinir les règles du jeu pour les géants du numérique.