Le Parlement européen vient de voter en faveur d'un âge minimum de 16 ans pour les réseaux sociaux et l’IA, en ciblant explicitement les mécaniques addictives. Ce rapport non contraignant met une pression maximale sur la Commission pour légiférer vite contre les risques en ligne (santé mentale, cyberharcèlement).
Vers une harmonisation de l'âge d'accès
Face aux risques psychologiques et physiques, le Parlement a adopté un rapport demandant d'harmoniser l'âge minimal à 16 ans pour l’accès aux réseaux sociaux, le partage de vidéos et les compagnons IA. Pour les 13-16 ans, l'accès resterait possible, mais nécessiterait un consentement parental.
Cette position européenne est plus stricte que celle d'Emmanuel Macron, qui plaidait en France pour une majorité numérique à 15 ans. Le Parlement s’aligne sur une tendance mondiale, l’Australie ayant déjà pris des mesures pour interdire l’accès aux moins de 16 ans. L'enjeu est de ne plus laisser les plus jeunes naviguer librement sans un encadrement strict.
Le design de l'addiction dans le viseur
L'âge n'est qu'une façade : le vrai problème c’est la conception des plateformes. Le rapport cible les pratiques jugées toxiques. Les eurodéputés veulent interdire pour les mineurs les mécaniques les plus addictives. On parle clairement du défilement infini, de la lecture automatique et du geste de pull-to-refresh (glisser pour actualiser) qui maintiennent l'utilisateur captif.
D'autres fonctionnalités, comme les mécanismes de récompense ou les designs persuasifs, devraient être désactivées par défaut. Le texte cherche aussi à interdire les systèmes de recommandation basés sur l'engagement pour les plus jeunes, à bannir les loot boxes et les mécaniques de jeu aléatoires, ainsi qu'à agir contre les dérives de l'IA générative (deepfakes, nudité non consentie, etc.)
Responsabilité accrue pour les dirigeants
Le Parlement insiste sur l'application du règlement DSA (Digital Services Act). Il soutient la mise en place d'une application européenne de vérification de l'âge et rappelle que les services doivent être conçus pour être sûrs pour les enfants.
Surtout, les parlementaires recommandent d’engager la responsabilité personnelle des cadres dirigeants des plateformes en cas de non-conformité persistante. L’impunité des exécutifs est désormais dans le collimateur de l'Europe.
On en dit quoi ?
Ce rapport non contraignant est un signal politique fort. Il est bienvenu car il s’attaque à la racine du mal : l’optimisation des outils pour générer l’addiction. L’interdiction du pull-to-refresh et du défilement infini pour les mineurs est une mesure technique concrète, bien plus efficace que la simple vérification de l'âge. L'Europe a tracé la voie, reste à voir si les géants du web plieront ou s'ils continueront de jouer la montre.