Sortie fin 2021, la BMW i4 était à l'époque présentée comme la première concurrente sérieuse de la Tesla Model 3 chez BMW. Nous avions donc testé début 2022, la version eDrive 40 qui proposait alors la meilleure autonomie.
Trois ans plus tard, on trouve désormais de nombreuses occasions sur ce modèle, qui devient bien plus accessible. Mais la BMW i4 est-elle toujours dans la course ? A l'occasion d'un léger facelift, nous avons décidé de re-tester ce modèle en 2025... Vous allez voir que malgré son âge, elle a encore de beaux restes...
Tout dans le look ? Pas si vite !
Esthétiquement, cette BMW i4 fait généralement l'unanimité, surtout ici dans cette couleur Bleu Portimao absolument radieuse.
Contrairement à la Model 3, dont on commence à sérieusement se lasser, le constructeur a réussi à proposer un design racé, sportif, qui a traversé les années sans prendre une ride, d'autant qu'elle n'affiche pas immédiatement ses gênes 100% électriques.
Avec le pack M, les jantes de 19", notre modèle accuse environ 20 000€/CHF d'options. Le look coûte cher chez BMW, et cela fait d'ailleurs parti des défauts inhérents à la marque, dont les tarifs s'envolent beaucoup trop vite dès que l'on veut quelques accessoires indispensables à ce niveau de gamme. Là où les chinois et les américains préfèrent limiter les options à quelques packs, la BMW i4 de base parait nettement plus dépouillée.
Avec 4,78m de long, la voiture reste longue, ce qui bénéficie à l'empattement (2,8m) et logiquement, l'espace à bord -même si ce n'est pas toujours le cas ici. En revanche, BMW n'a toujours pas amélioré le rayon de braquage qui reste à 12,5m, l'un des pires de la catégorie. On aurait tellement aimé les roues arrières directrices ! En ville, difficile de se faufiler facilement et les manoeuvres nécessitent souvent quelques contorsions, d'autant que cette valeur ne change pas avec la propulsion.
A l'arrière, ce large diffuseur laqué surmonté d'un aileron carbone nous rappelle que l'on est ici sur une berline puissante, à vocation sportive. Seule l'absence de pot d'échappement trahit véritablement sa motorisation.
Du coffre (mais pas assez)
Si la filiation avec la série 4 est évidente, le choix d'une plateforme multi-énergie pénalise largement le véhicule, qui ne propose ici aucun coffre à l'avant (frunk).
Heureusement, le coffre arrière propose un hayon de grande capacité (470L) avec même un sous-coffre (à la place du réservoir) qui était toutefois occupé par le caisson de basse (en option) sur notre modèle. Pour maximiser la place, évitez donc le sound-system XXL !
Pour un couple avec un ou deux enfants, aucun souci pour y caser les bagages, nous avons pu partir en week-end avec un bébé et tout son attirail (poussette, lit bébé...) sans trop de compromis. En revanche, ne comptez pas trop sur l'espace à l'arrière pour y caser de nombreux bagages, car le volume est assez limité.
Par rapport à une Model 3, la BMW i4 offre presque deux fois moins de volume au total, mais la présence d'un hayon donne bien plus de souplesse pour le transports de meubles ou l'armoire de la grand-mère.
Une bonne voiture électrique ?
En 2025, la BMW i4 est proposé en plusieurs motorisations :
- eDrive 35 de 286 ch et une batterie réduite à 70 kWh (450-514 km WLTP) 0 à 100 en 6s - eDrive 40 de 286 ch et une batterie de 80 kWh (536-613 km WLTP) 0 à 100 en 5,6s - xDrive 40 de 400 ch et une batterie de 80 kWh (483-543 km WLTP) 0 à 100 en 5,1s - xDrive M60 (qui remplace la M50 544CV) de 600 ch et une batterie de 80 kWh (433-551 km WLTP) 0 à 100 en 3,7s
Notre version était donc la xDrive 40, un bon compromis puissance/autonomie, idéale pour la Suisse et les zones montagneuses grâce à une double motorisation. Si vous préférez être plus raisonnable et limiter le budget, le modèle eDrive 40 proposera la meilleure autonomie (613 km) sans sacrifier les performances. La version M60 est clairement plus puissante mais la perte d'autonomie n'en vaut pas la chandelle selon moi.
Malgré notre moteur supplémentaire, les consommations sont restées très raisonnables, à environ 17 kWh/100Km sur autoroute, ce qui permet de réaliser 400Km à 120/130 km/h (en été) sans forcer. On est ici au niveau de Tesla, alors que la plateforme est loin d'être aussi optimisée. En ville, vous pouvez même atteindre 500 à 550km grâce à des consos qui descendent à 13/14 kWh/100km !
La recharge prend toujours ~30mn à 200kW de puissance, comparable à une Model 3 : ce n'est ni exceptionnel, ni vraiment mauvais, mais bien loin de ce que proposent XPeng ou Smart avec leur architecture 800V et leurs charges en 15mn. Chez BMW, il faudra attendre la version Neue Klasse pour bénéficier de la nouvelle plateforme 100% pensée pour l'électrique, qui n'arrivera pas avant 2026, voire 2027 sur la i4.
En revanche, cette voiture peut charger en 22kW AC sur les bornes de ville, ce qui permet de charger la batterie en 4H contre 8H en 11kW. Une pause déjeuner permet donc de récupérer 50% de la charge, ce qui est vraiment pratique !
Autre atout que l'on n'avait pas en 2022, le plug&charge permet de ne plus badger ou utiliser de CB sur les bornes, un vrai gain de temps ! En revanche, pas de V2L, V2H etc., impossible de faire sortir du courant de la voiture.
On a quand-même eu quelques soucis, notamment car les chargeurs Tesla ne sont pas référencés correctement dans le GPS. Par ailleurs, la prise étant du mauvais côté, il n'est pas toujours facile de brancher la voiture sur les SuperChargers.
Sur la route : une vraie BM !
Le plaisir de conduire, slogan éternel de BMW, trouve ici largement sa place dans cette i4, toujours aussi plaisante sur les petites routes de montagne.
Rivée au sol, notre berline affiche très peu de roulis, et l'on enchaîne les courbes avec une grande facilité, la direction est toujours aussi précise, d'autant que les assises très baquet assurent un bon maintien en virage, lorsqu'on hausse le rythme.
On regrettera quand-même que la puissance (400ch) arrive un peu mollement, y compris en mode sport, il manque le coup de pied aux fesses pourtant habituel sur les véhicules électriques sur le 0 à 100%. Rassurez-vous, les accélérations restent puissantes, ce qui sécurise aussi les dépassements rapides, mais une Tesla Model 3 Grande Autonomie Transmission Intégrale (Une seconde de moins au 0 à 100 km/h à 4,4s) offre étonnamment plus de pêche sur les reprises et les départs arrêtés.
BMW se rattrape avec des suspensions pilotées, qui permettent de faire varier la dureté de l'amortissement, un point fort face à Tesla et ses réglages très fermes, sauf sur la nouvelle version Performance que l'on a testée récemment. Cela dit, notre i4 pèse entre 200 et 300Kg de plus que l'américaine, on apprécie alors de pouvoir faire varier le confort, notamment en conduite sportive.
En ville, le mode B offre une vraie one-pédale, avec arrêt complet de la voiture, même s'il faut enclencher la vitesse à chaque démarrage. C'est vraiment pratique au feu ou pour les passages-piéton, d'autant que même en 2025, certains concurrents (chez Volkswagen notamment) n'ont toujours pas de conduite à un pied.
On a beau dire, mais les allemands savent encore rendre la conduite plaisante, y compris à petite vitesse. La vraie différence entre une BMW i4 et la concurrence, notamment coréenne (EV6, Ioniq 5/6...) ou chinoise, c'est la banane !Dès que vous en prenez le volant, c'est un vrai kiffe, tout simplement.
Intérieur : trop classique ?
L'intérieur de la BMW i4 n'a pas tant évolué, ce qui a ses avantages mais aussi quelques inconvénients, notamment en matière d'habitabilité.
A l'arrière par exemple, on est plutôt sur une 2 places, à cause d'un tunnel de servitude proéminent et d'une place centrale riquiqui. Les grands gabarits vont manquer un peu de place en hauteur, même si les sièges sont bien creusés pour les pieds et les jambes.
Si les assemblages sont sans fausse note, on regrette quand-même tous ces plastiques durs en partie basse, y compris à l'avant ou encore l'absence de toit panoramique, qui aurait apporté un peu de lumière dans cet habitacle bien sombre. Pas d'écran pour les passagers ni de banquettes modulaires... A ce tarif, l'équipement est un peu chiche.
A l'inverse, j'apprécie d'avoir toujours de vrais boutons un peu partout, pour les vitres, les rétros, le volume etc. même si la climatisation nécessite d'accéder à l'écran tactile. Les finitions sont exemplaires, j'adore par exemple la surpiqûre de nos ceintures de sécurité, issues du pack M Sport.
La console centrale n'a pas non plus évolué, avec beaucoup de place perdue pour les commandes de boite et un chargeur sans-fil unique et peu pratique. On trouve même une prise... USB A, un peu datée en 2025 ! Pourquoi ne pas avoir placé un double chargeur Qi et des prises USB C ?
Le passager appréciera toutefois de pouvoir modifier le son, la piste en cours et aussi d'avoir accès à tous les réglages via une molette et des boutons physiques.
Enfin, les sièges sont vraiment très agréables avec un excellent maintien, j'adore aussi le volant, dont la préhension est sans équivalent sur le marché. Le poste de conduite tourné vers le conducteur vous rappelle que la meilleure place reste évidemment celle du pilote... alors que le passager, lui, sera un peu "cougné" comme on dit en Suisse, ou très serré, en bon vieux français.
Connectivité soignée
Déjà en 2022, la BMW i4 était parmi les premières à proposer CarKey d'Apple, qui permet d'utiliser son Apple Watch ou son iPhone comme unique clef pour démarrer et ouvrir le véhicule.
La connectivité se poursuit dans l'habitacle avec ce double écran de 12,3 pouces et 14,9 pouces que je vous avait détaillée à l'époque. et qui n'a pas tant changé non plus. Je ne suis pas très fan du format, très étriqué sur la hauteur, mais la dalle est de qualité et la puce utilisée suffisamment puissante pour offrir une bonne fluidité.
Côté conducteur, toutes les infos sont visibles immédiatement à l'écran (niveau de charge, autonomie, lecture de panneaux) il est possible de personnaliser la partie centrale (vue 3D, carte, multimédia...) ou même de changer légèrement le template d'affichage, qui a (je trouve) un peu vieilli. Là encore, je ne vais pas la re-détaillée, l'interface n'a pas bougé d'un iota en 3 ans.
Un afficheur tête haute est proposé en option : il reste assez basique, mais suffisant pour ne pas quitter la route des yeux pendant la conduite. Nous l'avions sur notre modèle et il était bien pratique en complément de l'instrumentation.
L'écran principal est très large, assez réactif, mais pas au niveau de Tesla ou d'Android Automotive en matière d'interfaces. Il reste encore de nombreux sous-menus, ce qui rend l'usage complexe (voire un peu dangereux) pendant la conduite. Il y a trop d'apps, trop de réglages, et depuis que l'on a goûté au nouveau système X de la Neue Klasse, l'utilisation de cet écran est assez poussive à l'usage.
Il faut passer un moment dans les réglages pour se faire son propre environnement. La plupart sont réglés de façon définitive, ce qui limite les accès récurrents.
Pour autant, le GPS est de qualité, avec un planificateur désormais très fiable, ce qui permet de se laisser guider sans risque sur les longs trajets. On peut d'ailleurs régler le pourcentage à l'arrivée et aux bornes, ce qui est vraiment pratique pour optimiser son trajet et aller à une destination avec suffisamment de batterie sur place.
Si l'on trouve quelques apps natives comme YouTube ou Spotify, l'offre logicielle est plus timide que chez la concurrence (ou la Neue Klasse), d'autant que le format de l'écran n'est pas idéal pour les jeux ou la vidéo.
Evidemment, on pourra utiliser CarPlay (sans-fil) mais l'on perd alors la planification d'itinéraire. Cela reste néanmoins pratique pour Waze ou Apple Music, absents du système intégré.
Enfin, l'application mobile a bien évolué en 3 ans, elle est ultra-complète, permet d'ouvrir la voiture, de programmer ses charges, de lancer la climatisation à distance (pratique eu été), de préparer un trajet ou encore d'afficher une vue 3D de la voiture façon Mode Sentinelle, même s'il n'y a pas de vraie surveillance active en vidéo, comme chez Tesla.
Pour les geeks que nous sommes, l'i4 reste donc tout à fait dans la course, mais un cran en dessous de Tesla qui a su faire évoluer son OS de façon assez drastique au fil des ans, là où la plateforme de BMW ne permet que quelques correctifs ponctuels.
Conduite autonome exemplaire
C'est un point à ne pas négliger en 2025, la conduite semi-autonome permet de rendre les longs trajets plaisants et moins fatigants.
Cette i4 est équipé du DriveAssist Pro de BMW, qui est tout simplement le meilleur système de conduite autonome du marché. Il est fiable, sans a-coups, il prend parfaitement en charge les zones de travaux, et fonctionne parfaitement sous la pluie ou dans les tunnels.
Le volant est capacitif, un atout énorme face à Tesla, pas besoin de forcer sur la direction en conduisant pour qu'il reconnaisse votre présence. Et si vous n'êtes pas assez attentif, pas d'alertes sonores, le volant commence d'abord à clignoter, ce qui évite de réveiller le bébé à l'arrière.
Rajoutez à cela l'excellente insonorisation de la voiture y compris à grande vitesse et l'autonomie de chameau de cette version xDrive 40, les longs trajets seront encore plus reposants qu'en thermique, le bruit en moins !
Toujours dans la course ?
Après une semaine avec cette BMW i4, le bilan reste donc très positif : malgré une plateforme partagée avec le thermique, la voiture offre de bonnes performances électriques, avec une excellente autonomie, une bonne efficience, des temps de charge corrects... le tout enrobé d'un look qui fait mouche !
A l'inverse, l'absence de frunk, le tunnel central à l'arrière ou encore le surpoids de la voiture nous rappelle que ce modèle traîne encore l'héritage de ses aïeuls à essence. Le manque d'espace à bord étonne alors même que le gabarit du véhicule est plutôt généreux.
La connectivité est certes un peu datée, mais avec la clef sur smartphone, un bon planificateur et une application mobile très complète, elle n'a pas à rougir face à certains modèles (au hasard, de Volkswagen) qui n'ont toujours pas de système à la hauteur des enjeux.
BMW confirme aussi sa réputation, avec une voiture dynamique, précise et qui procure un vrai plaisir de conduire, fidèle à la tradition de la marque.
Reste la question du prix, car en 3 ans, les tarifs n'ont pas vraiment baissé. Le mieux (je pense) est d'opter pour la version eDrive 40 en occasion, mais si vous en avez les moyens, notre version est sans doute celle qui offre le meilleur rapport prix/performance/autonomie de la gamme.
3 ans après sa sortir, la BMW i4 conserve de beaux restes, avec une excellente autonomie, un look d'enfer, un hayon, la one-pédale, de la charge rapide (30mn) et une très bonne connectivité (CarKey...). La conduite autonome est excellente et le plaisir de conduite bien présent, y compris à haute vitesse. En revanche, pas de frunk et un espace arrière limité, on paie ici le choix d'une plateforme multi-énergies peu optimisée pour l'électrique.