C’est un tournant symbolique pour l’industrie automobile mondiale. Après onze mois de course, BYD devance finalement Tesla sur l’ensemble d’une année en volume de ventes de véhicules électriques. En 2025, BYD s’impose comme le nouveau leader mondial, porté par une stratégie industrielle agressive et une présence internationale de plus en plus affirmée.
BYD prend l’avantage
Selon des chiffres relayés par l’AFP, BYD a livré 2,1 millions de véhicules électriques et hybrides depuis le début de l’année 2025. De son côté, Tesla affichait 1,2 million d’immatriculations à fin septembre, et devrait atteindre environ 1,65 million de véhicules sur l’ensemble de l’année, d’après les estimations de FactSet. Même avec un dernier trimestre solide, l’écart reste trop important pour être comblé.
Ce basculement consacre la montée en puissance du groupe chinois, fondé il y a seulement 17 ans. Le 18 décembre dernier, BYD a d’ailleurs franchi la barre des 15 millions de véhicules sortis de ses usines, un volume cumulé largement supérieur à celui de Tesla (8,1 millions de véhicules électriques) et du groupe Volkswagen (environ 3 millions), selon CarNewsChina.
Une dynamique mondiale qui fait la différence
L’un des principaux atouts de BYD réside dans son implantation industrielle internationale. En plus de la Chine, le constructeur dispose désormais d’usines ou de sites de production un peu partout dans le monde : aux États-Unis, au Canada, en Inde, au Brésil, au Japon et en Turquie. Avec en prévision, un nouveau site en Hongrie ! Cette diversification lui permet d’absorber plus facilement les chocs liés aux hausses de droits de douane en Europe et en Amérique du Nord, tout en sécurisant ses volumes.
Commercialisée en Europe depuis 2023, la marque a rapidement trouvé sa place, avec une gamme étendue allant de la citadine au SUV, en passant par les berlines, majoritairement électriques. ET surtout une échelle de prix beaucoup plus large et plus abordable. Forcément, cette stratégie contraste avec celle de Tesla, dont la gamme est jugée désormais vieillissante et pas assez développée par de nombreux observateurs.
Tesla freinée par un contexte défavorable
De son côté, le constructeur américain doit faire face à d'autres obstacles et traverse une période plus délicate. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche s’est accompagné d’un coup de frein sur les politiques de soutien aux véhicules électriques, notamment avec la fin annoncée de certains crédits d’impôt fédéraux. Ce contexte a provoqué un sursaut ponctuel des ventes au troisième trimestre, sans pour autant inverser la tendance de fond.
À cela s’ajoutent les prises de position controversées d’Elon Musk, qui ont contribué à ternir l’image de la marque auprès d’une partie des consommateurs. Dans ces conditions et malgré une hausse temporaire des livraisons, Tesla devrait enregistrer une baisse annuelle de près de 8 % en 2025.
Longtemps considéré comme l’un de ses marchés les plus solides, l’Europe regarde ailleurs. En l’espace d’un an, la part de marché du constructeur américain y a été réduite de moitié, chutant de 2,2 % à 1,3 %. Le recul est particulièrement marqué sur les principaux marchés du continent, où les immatriculations ont diminué de 38,8 % entre janvier et novembre.
Cette chute est d’autant plus marquée qu’elle intervient dans un contexte favorable au véhicule électrique : sur la même période, les ventes de modèles électriques ont progressé de 27 % dans l’UE. Le problème n’est donc pas un essoufflement de la demande, mais bien une perte de compétitivité de Tesla face à des rivaux de plus en plus offensifs.
Qu'en penser ?
Si les chiffres définitifs doivent encore être confirmés, l’issue ne fait plus vraiment de doute. En combinant volumes, diversification géographique et capacité de production, BYD a clairement pris l’ascendant sur son rival américain. Ce changement de leadership illustre plus largement la montée en puissance des constructeurs chinois sur le marché mondial des véhicules électrifiés.