Alors que Pornhub est bloqué dans plus de 17 États américains, plusieurs actrices et figures de l’industrie pornographique témoignent dans Wired des effets de la censure, des lois de vérification d’âge et de l’érosion de leurs revenus. Un quotidien sous pression, entre sexualité, politique et business.
Asa Akira
L’industrie porno face aux lois conservatrices
Cette analyse publiée dans Wired met en avant un vrai paradoxe américain : alors que la consommation de porno est toujours aussi massive, les lois qui cherchent à restreindre son accès se multiplient. Plus de 20 États, dont récemment l’Arizona, exigent désormais une vérification d’âge stricte pour accéder aux sites pour adultes. Plutôt que de collecter les données personnelles de leurs utilisateurs, Pornhub a préféré couper l’accès dans au moins 17 de ces juridictions. Résultat : une baisse de trafic de 80 % dans les zones concernées, selon Alex Kekesi, vice-présidente de Pornhub. Pour les artistes, ce sont des revenus qui s’évaporent.
La censure, un frein à la survie économique
Asa Akira, actrice emblématique du milieu, explique par exemple que ses comptes Instagram ont été supprimés à six reprises. Pour continuer à exister sur les réseaux, elle doit aujourd’hui y adopter un ton aseptisé, « presque frauduleux ». Natassia Dreams, star trans et militante, en est à son son seizième compte. Dans un secteur où l’autopromotion est vitale, cette instabilité fragilise leur visibilité. Le bannissement de Pornhub d’Instagram et la censure sur TikTok ou Twitter rendent la vente de contenu plus difficile, même pour celles et ceux qui monétisent via OnlyFans.
Alex Kekesi, vice-présidente de Pornhub
IA et perte de contrôle
Si l’autoproduction sur des plateformes comme OnlyFans promettait l’indépendance, elle s’avère moins stable qu’espéré. Les abonnements chutent, et certains studios glissent des clauses permettant de générer des scènes par IA à partir des visages des actrices. Queenie Sateen, elle aussi, s’inquiète des dérives possibles. Même les plus grandesstars doivent se diversifier : tournées en clubs, produits dérivés, ou encore vidéos privées. Le mythe de la rente via le porno 2.0 s’effrite de plus en plus.
OnlyFan n'est pas toujours une solution
Sexe, politique et idéologie
Les lois actuelles font partie intégrante d’unprojet idéologique plus large. Des groupes conservateurs y voient un moyen détourné d’imposer un bannissement fédéral. Pour Asa Akira, le cœur du problème est ailleurs : l’absence d’une vraie éducation sexuelle. « Si les ados avaient une info claire, ils n’iraient pas apprendre le sexe avec mes vidéos », déclare-t-elle. En attendant, la pornographie reste un sujet hautement politique aux États-Unis, comme en France d’ailleurs. Et les actrices, malgré les discours moralisateurs, continuent d’incarner cette contradiction à elles seules.