Il n'y a pas qu'en France que X génère des inquiétudes quant à ses contenus. Le régulateur irlandais des médias s’attaque à la modération opaque du réseau social d’Elon Musk, accusé de laisser prospérer les arnaques et les discours de haine.
La pression continue de monter sur X en Europe. Le régulateur irlandais des médias, Coimisiún na Meán, a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle visant à déterminer si la plateforme respecte ses obligations en matière de modération des contenus et de gestion des plaintes, comme l’exige le Digital Services Act (DSA).
Une enquête sur la transparence et le droit d’appel des utilisateurs
Le gendarme irlandais des médias souhaite vérifier si X permet effectivement aux utilisateurs de faire appel lorsqu’une demande de suppression de contenu est refusée, informe clairement les utilisateurs des décisions prises après signalement, et dispose d’un système de plainte interne accessible et fonctionnel.
Ces exigences sont inscrites dans l’article 20 du DSA, qui impose aux grandes plateformes un traitement équitable et transparent des signalements et des décisions de modération. Le commissaire européen au numérique, John Evans, a salué cette initiative : Nous faisons un pas important pour garantir une expérience en ligne plus sûre dans l’Union européenne. Si une plateforme ne respecte pas ses obligations, nous n’hésiterons pas à agir pour protéger les utilisateurs.
Des critiques croissantes contre la modération de X
Cette enquête intervient dans un contexte tendu. X est régulièrement critiqué pour sa laxité face aux contenus haineux et aux arnaques publicitaires. En Irlande, le Premier ministre lui-même avait dénoncé plus tôt cette année une série de fausses publicités diffusées à son sujet sur la plateforme.
Des ONG, dont HateAid, et plusieurs utilisateurs ont également transmis des signalements au régulateur, alimentant la décision d’ouvrir une enquête. Après les émeutes de Dublin en 2023, la plateforme avait déjà été accusée de ne pas avoir collaboré avec les autorités locales pour retirer des contenus incitant à la violence.
ET la suite ?
Si la Coimisiún na Meán conclut à une violation du DSA, X s’expose à une amende pouvant atteindre 6 % de son chiffre d’affaires mondial — un montant potentiellement colossal, même si l’entreprise ne publie plus ses résultats financiers depuis sa privatisation. Le régulateur pourrait également exiger de la plateforme un engagement contraignant visant à corriger ses manquements. X, qui a déjà intenté deux actions judiciaires contre le régulateur irlandais ces derniers mois, n’a pas encore réagi publiquement à l’annonce.
Cette procédure s’ajoute aux scrutins déjà menés par la Commission européenne sur la conformité de X au DSA. Depuis la prise de contrôle du réseau par Elon Musk, les autorités européennes l’accusent d’avoir affaibli la modération et favorisé la diffusion de discours extrémistes. L’affaire irlandaise pourrait donc devenir un test clé pour l’application du Digital Services Act, et un signal fort adressé à toutes les plateformes récalcitrantes du continent.