L’affaire du meurtre de Louise, 11 ans, a remis sur le devant de la scène une question qui revient à chaque drame impliquant un joueur : les jeux vidéo rendent-ils violents ? Son corps a été retrouvé le 8 février à Épinay-sur-Orge, en Essonne. Très vite, les enquêteurs ont interpellé Owen L., 23 ans, qui a reconnu les faits. D’après ses déclarations, il venait de perdre une partie de Fortnite et, pris d’une colère incontrôlable, il aurait voulu se défouler en rackettant quelqu’un. L’agression a tourné au meurtre.
“Vous êtes des abrutis !” : Yann Moix déclenche une tempête
Ce fait divers a ravivé une très vieille discussion : les jeux vidéo peuvent-ils pousser à la violence ? C’est dans ce contexte que Yann Moix, sur le plateau de Pascale, Éric, Yann et les autres (sur la chaîne C8), s’est lâché, mêlant critique des jeux et attaque en règle contre ceux qui y jouent.
Lors de ce débat sur l’influence des jeux vidéo, Yann Moix n’y est pas allé de main morte. Selon lui, ces jeux abêtissent et sont responsables du mal-être des jeunes. Mais il ne s’est pas arrêté là. Il a affirmé que tout adulte de plus de 25 ans qui joue aux jeux vidéo est un demeuré, ajoutant qu’il n’avait aucun respect pour eux. Il a ensuite poursuivi sur sa lancée en déclarant qu’il existait des choses plus intelligentes à faire que d’aller se souiller le cerveau, d’insulter sa propre intelligence et son être même que d’aller sur des écrans jouer à des singes, des bananes et des serial killers. Avant de conclure par un cinglant : Vous êtes des abrutis, vous comprenez ça ?
Forcément, cette sortie a immédiatement enflammé les réseaux sociaux. Des internautes, des influenceurs et des streamers ont dénoncé un mépris total envers des millions de joueurs. Des vidéastes comme Julien Chièze ont répondu en rappelant que les jeux vidéo ne sont pas juste un passe-temps d’adolescents, mais une industrie culturelle à part entière.
Des joueurs par millions, et pas seulement des ados
Contrairement à ce que laisse entendre Yann Moix, les jeux vidéo ne sont pas réservés aux jeunes en crise. Selon le Baromètre du jeu vidéo en France 2024 du Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs, la France compte 39,1 millions de joueurs, soit plus de 70 % des Français âgés de 10 ans et plus. Et la répartition est bien plus équilibrée qu’on ne le pense : environ 52 % d’hommes et 48 % de femmes. L’âge moyen d’un joueur en France est de 40 ans, et pour ceux qui jouent régulièrement (au moins une fois par semaine), il est de 38 ans. Les seniors ne sont pas en reste : près de la moitié des 65 ans et plus jouent, et cette proportion grimpe à 61 % chez les 50-64 ans. Autre détail intéressant : 37 % des joueurs appartiennent aux catégories socioprofessionnelles supérieures.
Bref, on est loin du cliché du geek adolescent enfermé dans sa chambre. Les jeux vidéo touchent toutes les générations et toutes les catégories sociales, et ce n’est pas près de s’arrêter, n’en déplaise à Yann Moix.
Un éternel procès contre les jeux vidéo
Les déclarations de Yann Moix s’inscrivent en fait dans une longue tradition de critiques contre les jeux vidéo. À chaque fait divers impliquant un joueur, certains cherchent à établir un lien direct entre son comportement et sa pratique du jeu vidéo. Pourtant, les études scientifiques sont bien plus nuancées. Si certaines recherches évoquent une possible augmentation de l’agressivité à court terme après une session de jeu intense, aucune n’a prouvé que les jeux vidéo entraînent des passages à l’acte violent.
L’industrie du jeu vidéo, à travers des organisations comme le SELL, rappelle régulièrement que ces œuvres sont comparables au cinéma ou à la littérature. La grande majorité des joueurs pratiquent leur passion sans aucun problème, et les cas isolés ne suffisent pas à incriminer un média entier, Dieu merci.
Pauvre Yann Moix
Yann Moix est connu pour ses prises de position qui n’ont que pour seul intérêt de susciter la polémique et le mettre en avant, quelque soit le sujet, mais aussi pour sa lente, mais constante déliquescence depuis de nombreuses années, et cette nouvelle déclaration ne fait que confirmer son autodestruction intellectuelle.
Cette fois, il s’attaque à une communauté massive, qui n’a, de toutes manières, visiblement pas envie de se le laisser insulter sans réagir.
